Noël approche, alors la Team Musique se met en 4 pour des idées de cadeaux originaux pour un réveillon musical et réussi !
Low Roar – Ross
depuis le 12 novembre chez Tonequake Records
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[dropcap]A[/dropcap]u rayon des sorties discrètes, il existe une production de forte qualité qui vous aura peut-être échappée. Depuis 2011, Low Roar n’a cessé de semer le trouble élégant sur un tempo des plus retenus. Le projet du californien Ryan Karazija, parti migrer en Islande depuis quasiment une décennie, nous a déjà offert trois magnifiques albums aux vapeurs délicates, souvent froides mais d’une beauté prodigieuse.
Avec Ross, l’état des lieux pourrait sembler plus évident tant le charme mélancolique se blottit dans les ramifications d’arrangements dégagés d’un purgatoire glacé pour mieux s’émanciper au sein d’un jardin rempli de lumière. Certes, les rayonnements demeurent bien pâles mais quelques tentations cuivrées y apportent une note plus « abordable » pour les adeptes d’indie-pop rêveuse.
Soulignons la tiédeur folk et éminemment enveloppante de Darkest Hour (titre finalement en décalage avec le léger changement de cap) mais aussi Slow Down dont la caresse naturelle s’extirpe d’une agréable chaleur acoustique.
En toute subjectivité, c’est sans nul doute I’ll Make You Feel qui tire le gros lot: un morceau marqué par de captivantes imitions électroniques et une novation amplifiant une éloquente démonstration poussée dans ses extrêmes.
Low Roar avec ce quatrième album parachève son autopsie du spleen à l’aide de nouveaux outils, outre une échappée d’élévations progressives. La fin de Ross vient alors se parer d’inspirations étirées, de subtils arrangements, d’essais pudiques transvasant dans la marmite une épuration aux réverbérations succulentes.
Encore un coup de maître !
Ivlo Dark
Gabriel Birnbaum – Not Alone
chez Arrowhawk Records depuis le 22 novembre
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[dropcap]E[/dropcap]ncore plus discret que Low Roar présenté ci-dessus par l’ami Ivlo, le new-yorkais Gabriel Birnbaum nous offre le splendide Not Alone, son premier disque sous son nom après avoir publié en tant que Boy Without God.
La solitude semble donc coller aux chevilles de notre bonhomme, leader de Wilder Maker, son groupe au sein duquel joue également Katie Von Schleicher, on lui souhaite de se faire plein d’amis à l’écoute de ses 9 chansons qui sentent bon l’Americana. L’une des plus belles de l’album s’appelle I Got Friends, on lui en prédit de plus en plus !
Doté d’une splendide voix, autour de laquelle tourbillonnent de superbes guitares et une batterie discrète et élégante, Gabriel s’inscrit dans la lignée d’un Tom Waits ou d’un Neil Young, avec quelques pointes de jazz, ici ou là, en particulier sur l’impressionnant Oh Jesus final.
Not Alone a tout du classique immédiat et se révèle un véritable travail orfèvrerie. Le morceau titre apparaît comme le petit frère du Sweet Jane du Velvet reprise par les Cowboy Junkies, juste pour vous situer la classe de l’ensemble. Le reste est à l’avenant, d’une riche simplicité, d’une profonde émotion.
Très beau disque !
Beachboy
Blood Warrior – Animal Hides
chez EJRC depuis le 15 novembre
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[dropcap]N[/dropcap]e nous arrêtons pas en si bon chemin et continuons à explorer une Amérique précieuse et amicale, bien loin des déclarations tapageuses de l’ignoble Trump, en saluant ici le retour de Blood Warrior.
J’ai déjà eu le privilège en ces lieux de vous présenter ce duo originaire de Portland composé de Joey Weiss et Greg Jamie, ex chanteur d’O’Death et auteur en solo du splendide Crazy Time, sorti l’année dernière.
C’est l’Amérique des parias et des laissés pour compte qui s’offrent ici à nous, tout le long d’un disque profond aux racines folk et country. Chaque titre, Golden Days ou A Place To Hide en tête, nous donne le sentiment de nous trouver au pied d’une montagne que les 2 musiciens gravissent avec courage et angoisse.
Il y a du Cohen chez Blood Warrior, mélancolique à souhait, un humour proche du désespoir, qui donne un souffle puissant à leurs compositions superbement orchestrées. Animal Hides réussit ce paradoxe de vous bouleverser et, dans un même temps, de vous faire le plus grand bien !
Beachboy
Sereias – O Pais A Order
chez Lovers & Lollypops depuis le 05 novembre
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[dropcap]C[/dropcap]hangement complet de cap et direction le Portugal, son soleil, sa douceur de vivre… et ses sirènes très, très énervées !
Nous sommes en effet quelques uns (merci Stéphane !) à nous être pris une très grosse claque en découvrant Sereias, collectif de fous furieux nous venant de Porto et son phénoménal O Pais A Arder, qui ferait passer le Schlagenheim de Black Midi pour une aimable bluette.
Pour tout vous dire, A part Swans, on ne voit d’ailleurs personne en cette année pour nous avoir collé soniquement ainsi contre le mur !
O Pais A Arder se traduit par le pays qui brûle, on ne parle pas portugais mais de Puta De Deus à Putas Da TV, on devine très vite que le groupe n’a pas que des gentilles choses à raconter sur leur pays natal, on imagine même bien la tronche déconfite de leur Primeiro Ministro, s’il a la folle idée de se prendre entre les oreilles, l’effrayant morceau en son honneur !
Après un déjà fascinant instrumental (Introducao), on découvre les impressionnantes prouesses vocales d’António Pedro Ribeiro dont les cris et la hargne scandée contribuent énormément à l’atmosphère oppressante et fascinante du disque. Un saxophone sauvage et omniprésent participe à l’originalité des morceaux et fait dériver ce noise rock implacable aux confins du free-jazz.
Une basse énorme, des brusques changements de rythme, O Pais A Arder ne se contente pas de bastonner et se révèle plus subtil qu’il n’y parait. On pense parfois à Pere Ubu ou Public Image Limited voire les japonais de Boredoms, histoire de vous situer le niveau de l’album.
Intense et volcanique, le disque ne nous lâche pas une seule seconde. A la limite de l’hypnose, on échappe de peu à la noyade mais le long et délirant Pais A Arder à peine fini, qu’on en redemande !
Très, très gros coup de cœur !
Beachboy
A Winged Victory For The Sullen – The Undivided Five
chez Ninja Tune depuis le 1er novembre
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[dropcap]F[/dropcap]inissons cette nouvelle Brève de Platine #46 avec un grand moment de douceur et de beauté. Chut, plus un mot, voilà que se présente à nous, The Undivided Five, somptueuse œuvre d’ambient conçue par A Winged Victory For The Sullen.
Derrière ce nom à rallonge, se cachent Adam Wiltzie, leader des géniaux Stars Of The Lid, entendu également chez The Dead Texan ou Windsor For The Derby et le pianiste Dustin O’Halloran (Dévics). Même s’ils collaborent ensemble depuis plus de 10 ans, The Undivided Five n’est en fait que leur second véritable album, huit ans après un déjà très réussi premier essai. Le duo, en effet, a entre temps essentiellement travaillé sur des commandes, pour des films ou des expositions.
Ici pas besoin de mots, les notes suffisent à elles-même pour vous faire glisser dans un état de félicité et de recueillement et marient parfaitement néo-classique et électronique, à l’instar d’Our Lord Debussy, la sublime ouverture du disque.
Les morceaux prennent le temps de vous happer et oscillent entre sombre ambiance et beauté sidérante. Aqualung, Motherfucker, comme morceau symbolique, écouter The Undivided Five, c’est plonger, aussi émerveillé qu’effrayé, dans le plus beau des océans.
Vous flottez (Adios Florida), à l’écoute des battements de votre cœur (The Rythm Of A Dividing Pair), magique tout simplement !