[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#429652″]I[/mks_dropcap]l y a des disques comme ça, on sait pas trop d’où ils sortent, on sait pas bien ce qu’on a entendu, mais ils ne vous lâchent plus. Quand en plus, c’est Born Bad qui édite, on se dit qu’avec cet album de Cannibale, No Mercy For Love, on tient un truc pas comme les autres.
Dès ce premier morceau, No Mercy for Love, avec cette intro un peu bizarre, pleine de clavier et cette basse entêtante, le tout enveloppé d’un son vintage, on est parti pour un tour de manège musical pop, porté par un chant pas très loin d’un Nick Cave ou d’un Hannib El Khatib. Ici, point de guitare rugissante, mais un clavier qui lie le morceau avec ses envolées mélodiques.
C’est donc parti pour un trip musical pas comme les autres. Ainsi Mama débute avec seulement le chant et la batterie, puis ce clavier très Doors vient enrober tout cela, et tout à coup, le morceau bascule dans un rythme martial, telle une marche militaire musicale, avec un beau solo de guitare fuzz, comme on n’en fait plus.
Hidden Werlth s’annonce sur un son légèrement inquiétant de clavier planant, doublé par une guitare aérienne, puis part dans une ambiance très psyché, avec un chœur très Who période 1967, à l’image de Choppy Night, on tient là deux morceaux remplis de sonorités étranges.
Voilà un groupe hors norme, très garage/psyché, qui fait revenir le bon vieux clavier vintage au goût du jour. Cannibale, c’est cinq gaillards de Normandie qui chantent en anglais, sur des compos maîtrisées, portées par cette voix particulière, très grave, et ce son garage qui illumine l’album.
Carribean Dream est effectivement très ensoleillé comme l’indique son titre et nous donne envie de sautiller, c’est un morceau où le synthé tient lieu de lead au lieu des traditionnelles guitares, avec une mélodie chaloupée et pop en même temps.
Diabolic Prank, qui clôt la face A commence avec une basse superbe très 80s, bientôt doublée de ce clavier au son d’orgue, sur un morceau à forte tonalité new wave, hyper dansant et entraînant.
Rays of Light entame la face B, avec des chants d’oiseaux, avant de partir dans un rock effréné au rythme fou, dans un morceau à la construction endiablée, plein de petite touches musicales, de chœurs masculins et de guitares funkys, encore un tube en puissance.
Speck of Dust commence encore avec ce beau son d’orgue magique et cette voix grave, au ton mélancolique, appuyés par la basse qui rythme la cadence. Il faut souligner une chouette production claire sur cet album enregistré à la maison, où chaque instrument est donné à entendre.
Tout cela est très tropical, Cannibale propose un genre à part : garage, psyché, mais aussi funky et dansant, Caterpillar est assez typique de tout cela, avec ce rythme chaloupé de guitare et basse d’un coté et le synthé vintage de l’autre. Cet album est aussi entrecoupé de morceaux aux tonalités plus sombres et 80’s quasi cold wave comme Rythm of Fire, plein de bidouillages sonores étranges.
Three Minutes God s’annonce comme un déluge de son avec une intro martelée par la batterie et aux claviers spatiaux, parés pour un décollage vers l’inconnu, avec une voix traitée avec un filtre, encore un morceau complètement fou.
Hoodoo me clôt l’album, tel un chant de guerre final, sur un chant susurré à la Elvis/Jon Spencer, avec une rythmique d’enfer portée par ces fabuleux chœurs d’hommes psychés, un morceau qui donne envie de se lever le matin et d’en découdre.
Bref, voila un disque emballant, intelligent et dansant, un disque fou et curieux, un véritable ovni musical, encore une belle surprise de chez Born Bad, grand défenseur de l’étrange, et pourvoyeur de bon disques. Ça fait plaisir d’entendre ces sons un peu bizarres, un peu psychés.
À écouter sur une bonne chaîne, en vinyle de préférence pour en saisir toutes les saveurs.
Cannibale, No Mercy For Love
Born Bad Records, 2017
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Cannibale sera en concert le 29 mars à Tourcoing (Le Grand Mix) et le 12 mai à Ris Orangis (Le Plan).