[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#ff9900″]Q[/mks_dropcap]uel drôle d’OVNI que cette BD. Elle s’appelle « Cintré(e)« . Avec cette double écriture. Au masculin et au féminin. Un petit artifice orthographique pour désigner deux personnages, deux carcasses mal dans leur peau qui survivent comme elles peuvent à leur triste sort. Un récit tendre et pudique.
En faisant se croiser le chemin d’un homme et d’une femme a priori bien différents, mais que les les bleus à l’âme vont rapprocher, le scénariste et dessinateur Jean-Jacques Loyer nous raconte un peu de sa propre histoire, entre pudeur et pétage de plomb !
En effet, l’auteur de « Sang noir, la catastrophe de Courrières » (Futuropolis) livre ici une autobiographie romancée, dont il ne se cache pas d’ailleurs. Dès l’ouverture de la BD, il explique que cette histoire s’inspire de sa vie, de son quotidien.
La pugnacité à vouloir écrire ce monde, la délicatesse mise à ne vouloir blesser personne, l’absurdité de certaines situations l’ont assurément conduit à se faire violence pour dévoiler quelques pans de son intimité. Difficile toutefois de faire la part des choses entre la vérité vraie de ce livre très personnel et la fiction imagée qui nous est proposée. Toujours est-il que « Cintré(e) » réussit le pari de nous intéresser à… deux êtres hors-norme.
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Lui est dessinateur, désabusé, effacé et timoré. Un peu barré à sa manière. Fauché comme les blés, il laisse filer son courrier, ses factures et son loyer. Obèse, il guérit son mal être en se régalant de sucreries. Pour lui, la mal-bouffe est pour une porte de sortie.
Elle, Eléonore, revient d’entre les morts après une escapade berlinoise aux relents d’amour toxique. Complètement tordue la fille. Tel un cintre. Après avoir trop tiré sur la corde, elle a perdu pied depuis longtemps, au grand désespoir de son père, meurtri de ne pouvoir la sortir de ce mauvais pas et de lui dire combien il l’aime.
Le dessinateur et la jeune femme vont se croiser, se détester, s’apprivoiser, apprendre de leurs erreurs respectives.
En noir et blanc – à l’exception de quelques images placées au début de chaque chapitre et dont la naïveté et le trait graphique interpellent comme le nez au milieu de la figure – l’ouvrage décline 136 pages au stylisme simple mais pas simpliste.
Entre doutes, échecs, espoir et rédemption, Cintré(e) livre un récit peu commun à la fibre sociale marquée qui vaut le détour.