Cette semaine nous vous proposons un focus sur nos coups de cœur du 1er trimestre dont nous ne vous aurions pas encore parlé ! Nous vous proposons de revenir aujourd’hui sur 6 disques qui ont contribué à faire de ce premier trimestre musical un très bon cru ! La suite demain !
L’Heure Mauve – Pierre Lapointe (Bonsound Records)
7 Février 2022
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Une fois de plus l’émotion est au rendez-vous dans ce dernier album de l’auteur-compositeur-interprète québécois, L’Heure Mauve. Et pourtant cette œuvre n’aurait pas dû être éditée en disque !
En effet, ces quatorze chansons, dont sept reprises puisées dans le répertoire de la chanson ou dans la musique classique, et sept compositions originales, ont été conçues afin d’accompagner l’exposition du même nom de l’artiste suisse Nicolas Party présentée au Musée des Beaux Arts de Montréal (à voir jusqu’au 22 octobre 2022).
Quatorze chansons comme sept duos qui se répondent, et qui habillent chaque tableau de l’exposition. Ainsi « L’hymne à l’automne » fait écho à « L’Hymne au printemps » de Félix Leclerc, ou « Le même café la même rue » répond à « Non je n’ai rien oublié » de Charles Aznavour.
Pierre Lapointe a ainsi fait le choix d’œuvres classiques qui ont passé l’épreuve du temps: Léo Ferré, Gilles Vigneault, Kurt Weill, Erik Satie… pour parler encore et toujours d’amour, de rupture et de désir, et pour nous offrir à nouveau un disque sensible, mélancolique et lumineux.
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Chance – Société Étrange (Bongo Joe)
4 Mars 2022
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[dropcap]S[/dropcap]oyons clair et concis : que voilà une très belle surprise que Chance, second album du trio lyonnais Société Étrange. Celui-ci s’est fait connaître il y a sept ans, autant dire une éternité, avec Au Revoir, album sous haute influence allemande dans lequel Can se tirait la bourre avec Kraftwerk sur une autoroute déserte, à tombeau ouvert, sous acides et avec Psychic TV et un peu de techno minimaliste en fond sonore. Cette année, nouveau trip, beaucoup plus long et mouvementé, mais avec des substances moins violentes et des influences un peu plus éparses.
En six titres … enfin … six instrumentaux, Société Étrange délaisse les autoroutes pour prendre les chemins de traverse et vous emmener de Berlin à Kingston, dans le Black Ark ou le Home Town Hi Fi de King Tubby, invoquer les fantômes de ces sorciers du son. Autant être franc, le trip n’est pas de tout repos : ça déjante régulièrement (Nute et ses variations assez hallucinantes), prend des détours inattendus (cette sensation d’écouter Melody Nelson version dub sur La Rue Principale), agace par moment (le gimmick d’A L’intérieur Numéro 97) ou encore, a des réactions très étranges (une fois le trio arrivé à bon port, plutôt que de faire du reggae, il va préférer revisiter l’électro progressive allemande via une trentaine de spliffs – New New York- ). Bref, Chance, comme vous l’avez compris, est un disque principalement aventureux, un bon gros trip électro/psyché avec les divers effets qui vont bien ou pas (montée, descente, crise d’angoisse, etc …), idéal pour vous faire oublier ces temps légèrement troublés.
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Happier Things – Studio Electrophonique (Violette Records)
11 Février 2022
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[dropcap]P[/dropcap]arce que parfois Less is more, le nouveau projet de James Leesley, plus connu sous le nom de Studio Electrophonique ne viendra pas contredire cette maxime de l’architecte Mies van der Rohe. Après un premier EP, Buxton Palace Hotel, qui avait mis tout le monde d’accord en 2019, à commencer par Monsieur Etienne Daho en personne, qui avait invité le jeune Anglais en première partie de sa date à l’Olympia, Leesley signe un retour lumineux avec Happier Things, toujours chez Violette Records, dénicheur de pépites musicales de haut vol.
En cinq titres, il vient nous mettre à terre avec des compositions sensibles et minimalistes dont on ne ressort pas indemne. L’histoire est simple et pourtant le motif est universel, les désillusions amoureuses n’ont pas fini de produire les plus belles chansons qu’il soit. Ainsi, armé de son fidèle quatre pistes, il nous délivre, sans fioritures, entre sa guitare et son orgue, des morceaux d’une beauté bouleversante. Une douce mélancolie qui fait du bien en ces temps troublés, ce qui n’est pas si paradoxal quand on pense à cette citation de Victor Hugo : La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste. Une douceur à découvrir au plus vite !
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Keep On With Falling – The Boo Radleys (Boostr)
11 Avril 2022
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[dropcap]L[/dropcap]’écoute du troisième morceau de ce disque, All Along, dont l’amorce du refrain est la cousine de celle du September d‘Earth, Wind and Fire et dont la tonalité générale flirte avec l’AOR, a achevé de ramener sur Terre les amoureux transis des débuts des Boo Radleys. Ce retour en fanfare du désormais trio, Martin Carr ayant décliné l’invitation de ses copains d’avant de les accompagner dans l’aventure du comeback 24 ans plus tard, se décline dans la continuité de la trajectoire suivie au siècle dernier. Le groupe ne manie décidément plus les guitares tantôt denses comme la purée de pois, tantôt coupantes comme le tranchant de la lame, et Keep On With Falling est placé, en tout cas dans sa première partie, sous le signe de la pop la plus gentiment bigarrée, à l’image de sa pochette à la chamarrure ajourée et contrariée.
Après cette leçon de feel good music, la seconde moitié est globalement plus sombre, plus tendue. Dans ce registre, You And Me et Alone Together tirent magistralement leur épingle du jeu en prenant aisément le dessus sur Call Your Name, rêveur mais un peu flasque, et I Can’t Be What You Want Me To Be au lyrisme forcé.
Les Boos veillent à maintenir le fil d’Ariane qui les relie à leurs jeunes années, avec notamment un peu de reggae (sur I Say A Lot Of Things), voire de raggamuffin (sur Here She Comes Again) comme un écho à Butterfly Mc Queen, et ce son que l’on entend à la toute fin de l’album, rappelant étrangement celui que l’on entendait en clôture de Wishing I Was Skinny. Butterfly Mc Queen, Wishing I Was Skinny, deux titres de l’éblouissant Giant Steps de 1993… Keep On With Falling n’est pas un nouveau pas de géant, pas non plus un pas de côté et encore moins un faux pas. Mais plus certainement un pas de danse, passablement pop et endiablé, pour notre plus grand plaisir.
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The Jacket – Widowspeak (Captured Tracks)
11 Mars 2022
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[dropcap]À[/dropcap] peine un an et demi après la parution de Plum, le duo Widowspeak, composé de Molly Hamilton et Robert Earl Thomas, revient déjà avec un sixième opus, The Jacket, toujours chez Captured Tracks/Modulor. Un album conceptuel narrant l’histoire d’une femme, brodeuse de costumes pour des groupes de reprises de country, art rock et ye-ye qui finit par rejoindre une des formations pour laquelle elle travaille et s’éprend d’un des musiciens. Le début d’une nouvelle aventure bousculant le champ des possibles, loin d’un quotidien pesant, mais aussi le début des ennuis : une rupture, aussi bien amoureuse que musicale et un retour à la case départ. Des thématiques que Molly Hamilton avait déjà explorées sur Plum, l’asservissement au travail, le rapport à l’argent, l’amour… vu par le prisme d’un groupe fictif en prise avec des questions d’égo et de performance.
Un prétexte narratif qui permet au groupe d’étendre encore un peu plus le virage amorcé sur leur précédent album : l’enrichissement de la palette sonore dream popesque par des touches de flûtes (While You Wait), d’orgue Hammond (Sleeper) mais surtout des influences profondément marquées par le Velvet Underground, Cowboy Junkies ou encore le père spirituel, Neil Young. Rien de neuf sous le soleil donc, pourtant contrairement à Plum, l’ensemble s’étend en petites touches et les couches de guitare de Thomas et Hamilton prennent toute la place, pour notre plus grand bonheur, le tout rehaussé par la voix sensuelle de Molly… un album sublime !
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Znój – Zguba (Rough Trade Records)
22 Février 2022
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[dropcap]Q[/dropcap]ue faut-il pour qu’un album d’Ambient/Drone/Minimalism soit réussi ? Au hasard : un choix de sample judicieux ? Des boucles parfaitement maîtrisée ? Une inspiration dans l’assemblage/collage sans défaut ? un peu tout ça, bien évidemment, mais aussi et surtout, des conditions de création très particulières. Znój (labeur en Français dans le texte), dernier volet d’une « trilogie de la souffrance », commencée en 2019 avec Potwarz, a été conçu, selon les dires du Bulgare Zguba, pendant la période de confinement dans un tel état de fatigue, autant psychique que physique, que l’auteur ne parvenait plus à distinguer le rêve de la réalité.
De cette altération de la réalité est né Znój, bande-son tenant à la fois de l’état de grâce et du cauchemar. Neuf instrumentaux composent cette œuvre aussi sombre que spirituelle, baignée dans un éther qui l’empêche de sombrer complètement dans une noirceur insondable. Neuf morceaux en clair obscur donc, partant des tréfonds de la mélancolie et dont les ressacs vous amènent aux portes de l’espoir. Un disque passionnant car aussi accessible que bouleversant, qui, dans son évolution, n’oublie pas d’être d’une infinie douceur, tout en tutoyant la radicale mélancolie d’un Wiliam Basinski et surtout en se hissant au niveau de la beauté d’un Hymnvs de Hoedh, classique absolu de l’Ambient. Bref, un des meilleurs albums de ce premier trimestre.
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