[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l a beau avoir un CV, et ce, à à peine 28 ans, long comme mon bras et multiplié les groupes et les collaborations avec talent, la découverte de Minus, le premier album sous ce nom de naissance de Daniel Blumberg fait quand même l’effet d’une bombe.
Les 7 chansons composant ce disque dépassent en effet de loin tout ce qu’il a pu faire jusqu’ici et place très haut le bonhomme dans les artistes à suivre dans les années à venir et l’un des plus originaux de la perfide Albion.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]e londonien né en 1990 semble enfin avoir trouvé sa voix et par la même son nom, puisqu’il s’est longtemps caché sous divers pseudos plus ou moins obscurs, tel Oupa, Hebronix ou bien encore DB.
Nous fîmes sa connaissance en 2007 avec l’éphémère Cajun Dance Party, joli groupe de rock indé dans la lignée des Strokes, pour quelques singles assez jouissifs comme The Next Untouchable ou Amylase et un unique album un poil poussif intitulé The Colourful Life, produit par Bernard Butler de Suede.
Daniel Blumberg et son ami Max Bloom abandonnent le groupe pour former Yuck, pour un album sorti en 2011, démontrant un certain savoir-faire pour réveiller le rock indé des 90’s, Pavement et Dinosaur Jr en tête. Le groupe, auquel participe Ilana Blumberg, sa jeune sœur, se taille un beau succès.
Il faut croire que le bonhomme a la bougeotte et fuit le succès promis comme la peste, il laisse donc le groupe continuer sans lui, ce que Yuck fait d’ailleurs depuis lors avec la sortie de Glow & Behold en 2013 et Stranger Things, trois ans plus tard.
Daniel continue en solo et sort l’excellent Unreal sous le nom d’Hebronix, collabore entre autres, avec Lambchop, Low ou encore Neil Michael Hegarty de Royal Trux et The Howling Hex.
Il devient un pilier du Café Oto à Londres, repère de musiciens radicaux qu’on retrouve sur Minus, comme le contrebassiste Tom Wheatley ou le violoniste Billy Steiger.
Pour l’album, enregistré en 5 jours dans une période pleine de douleurs et de souffrance, Daniel Blumberg complète son groupe avec la présence derrière la batterie du génial Jim White et se partage lui-même entre guitares et piano, sans compter l’harmonica, histoire de rappeler sa bonne tête de Bob Dylan jeune !
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]B[/mks_dropcap]ien qu’enregistré en 5 jours, le cerveau en vrac, le décès d’un ami d’enfance et une rupture amoureuse l’ayant amené au bord du gouffre, Daniel Blumberg impressionne et scotche l’auditeur au quart de tour dès les premières secondes du morceau titre, ses violons à faire chialer dans les chaumières et ses paroles déchirantes :
Been Doing All My Drinking And Doing All My Drugs I Have Been Thinking that I Think Too Much It’s Been On My Mind Hasn’t This Love Captured Enough
L’ambiance restera à l’avenant sur les 6 autres morceaux qui composent ce Minus et décrivent un artiste en plein doute, jetant ses dernières forces dans son disque, magnifiquement épaulé par ses compagnons de fortune. On ne cesse de le dire, mais Jim White est un génie de batteur !
La présence à la production de Peter Walsh, collaborateur de Scott Walker n’est sans doute pas étrangère à ce que l’on pense beaucoup à Tilt voire à Mark Hollis, en particulier sur le fabuleux et tortueux Madder, longue pièce de 12 minutes violente et hypnotique. Fascinant et terrifiant, Daniel Blumberg, au bord de la folie, y atteint le sommet de son disque et nous offre là un morceau inoubliable.
Toutes les autres chansons du disque n’atteignent pas cette radicalité chaotique mais nous emballent complètement par ce mélange de délicatesse (Stacked) et de virtuosité parfois bancale (Permanent).
Le final et magnifique Used To Be Holder résume parfaitement cet ovni qui vient de nous passer entre les oreilles, quelques notes de pianos, une mélodie évidente et douce et cette longue montée en boucles pour nous faire frémir jusqu’à la fin, célébrant une renaissance aussi bien artistique que personnelle.
fracassant et touchant, Daniel Blumberg signe là un superbe disque, aussi classique qu’expérimental, l’animal a pris son envol, en route vers les étoiles !