[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]omme le sublime groupe Girls in Hawaii, ils ont la nationalité belge et un certain talent pour les mélodies bouleversantes. Et comme Beach House, leur pop hybride est magnétisante. Comparaisons plus qu’élogieuses pour débuter un article sur un groupe qui m’était absolument inconnu il y 24h à peine, me direz-vous … En tant qu’immense fanatique des deux susnommés, je pèse effectivement mes mots tant le dernier album du groupe Dan San m’a chamboulée. C’est donc dit, Shelter est un petit chef-d’œuvre. Parfois, vous ignorez pourquoi une musique vous touche profondément. Dès les premières notes, les larmes éclosent, le corps frissonne… Des images affleurent et vous êtes comme immergés dans un monde parallèle. C’est une sensation étrange, rare. Peut-être est-ce la combinaison éphémère d’un état, d’un souvenir et d’un contexte qui fait que cette perception est décuplée à ce moment précis. Peut-être que découvert un autre jour, Shelter n’aurait pas eu cet effet ésotérique. Toujours est-il que, passée l’émotion de la première écoute, l’album des Liégeois demeure indéniablement somptueux.

Ce sont d’abord de magnifiques arrangements, aériens et versatiles, qui commencent avec Red line. Les nappes électroniques font place aux drums, puis le violon entre dans la danse parmi les guitares et les harmonies vocales. Des voix douces qui se répondent dans des mélodies légères (America, Dream, Seahorse), ou sombres (The call, Ocean) pour, lors de courts instants de grâce, frôler le sacré.
Nautilus II, sorte de chant céleste dream pop, vient introduire Gone home suivi de Up, deux perles pleines de mélancolie. Somewhere, ultime morceau, vient clore l’album avec magie. Une note électronique obsédante sur laquelle viennent se poser ces premiers mots, chantés par une voix écorchée:
I was in an empty room, floating like a big balloon […]
La phrase est reprise par différentes voix qui s’emmêlent délicatement, rejointes par le violon et l’ostinato de glockenspiel. C’est pur, triste, déchirant; ça vous tord, littéralement.
Les thèmes murmurés par cette chorale amplifient l’impression d’imaginaire. Comme un fil d’Ariane, le songe, la solitude, l’eau, le refuge semblent dessiner un voyage intérieur peuplé de contrées fantastiques, lunaires et aquatiques. Dan San nous esquisse ici une musique dans laquelle se réfugier pour rêver. Tout simplement.

Vous pouvez vous évader avec Shelter – qui fait désormais partie de mes albums de chevet – depuis le 11 mars 2016 (sorti chez JauneOrange Label.)