[dropcap]A[/dropcap]l’heure d’écouter, Le Monde Réel, le quinzième album de Dominique A, on se prend tout d’abord un sacré coup de vieux, La Fossette a 30 ans et, mon dieu, ça pique un peu !
Je me vois encore me précipiter un matin d’hiver acheter la cassette sur la foi d’un morceau ou 2 entendus chez Lenoir, la mâchoire décrochée, les larmes au bord des yeux. 30 ans plus tard et à la fin d’une première écoute religieuse, on oublie le temps qui passe et on s’émerveille de voir notre nantais toujours aussi talentueux nous offrant l’un de ses tous meilleurs disques, ce qui, au vue de sa discographie, est une sacrée gageure !
Sur ces 10 nouvelles chansons superbement orchestrées, Avec Les autres pourrait apparaitre celle qui symbolise le mieux la conception du disque, tant Dominique A l’a imaginé comme l’album d’un groupe, se mettant ici principalement dans la peau d’un chanteur, un vrai, à la voix inimitable et d’un parolier subtil et profond.
On sent un bonheur réel et un plaisir évident de partager son univers avec quelques fidèles compagnons de route comme le pianiste et claviériste David Euverte ou le batteur Etienne Bonhomme. On retrouve également, entre autres, le contrebassiste Sébastien Boisseau, la flutiste Sylvaine Hélary et un orchestre à cordes dirigé par Mark Steylaerts.
La guitare se fait en effet ici, très discrète et laisse l’espace à une cascade de violons, harpes et autres flutes magnifiquement mis en sons et lumières par le producteur Yann Arnaud. C’est du côté de Mark Hollis ou de Spain, que le nantais d’adoption vient chercher son inspiration entre chanson française et chamber pop.
Après l’introspectif et solitaire Vie Etrange, Le Monde Réel apparait comme l’œuvre post-Covid, un renouveau, un nouvel espoir et le plaisir de retrouver le monde, même si celui-ci ne cesse d’étonner Dominique A.
Commençant par le superbe Dernier Appel De La Foret inspiré par l’écrivain Joseph Incardona mettant d’entrée en avant le chant superbe de Dominique A et ce piano omniprésent et délicat, Le Monde Réel semble tracer sa route vers l’intime et la solitude, finissant telle une balade onirique par un retour à La Maison, Au Bord De la Mer Sous La Pluie.
Le Monde Réel, mais aussi Nouvelles Du Monde Lointain et Tout Le Monde Comme Des Toupies, Dominique A projette son regard sur nous, pauvres humains. Les « nous » et les « ils » dominent les premiers textes, oscillant entre le temps qui file plus ou moins vite, nos existences souvent absurdes dans un monde qu’on abime avec férocité mais qui se rappelle à notre vie éphémère (Les Roches, Désaccord des Elements).
La musique est à l’image des paroles, libre, poétique, mais tout en délicatesse, glissant entre nos oreilles comme du nectar, jouant magnifiquement sur les silences et les tensions, portée par une orchestration d’orfèvre et de musiciens aussi libres qu’attentifs. C’est là où l’ombre de Talk talk se fait plus présente, du Manteau Retourné De L’Enfance, toute en retenue à l’extraordinaire morceau titre, qui mériterait milles écoutes pour en découvrir toutes les saveurs et subtilités.
Le Monde Réel est définitivement un des plus beaux disques de Dominique A, au sommet de son art, même si on sait le bonhomme encore capable de nous surprendre, vivement la suite !
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Le Monde Réel – Dominique A
Cinq 7/Wagram– 16 Septembre 2022
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Image bandeau : Jérome Bonnet