Kennedy Marr cumule. Les amours, les aventures, la drogue, l’alcool, les boulots de scénaristes pour hollywood, l’écriture de bouquins qui se vendent très très bien, les repas gastronomiques, les coups de fil sur son portable, auquel il ne répond quasiment jamais, les soucis avec son ex femme, les soucis avec sa fille de 16 ans et enfin les soucis d’argent.
A force de le jeter par les fenêtres, ses avoirs, malgré les rentrées régulières, ne couvrent plus les frais. Le fisc américain lui tombe dessus. Bref, il est à deux doigts de la faillite.
Ainsi commence Enfant terrible de John Niven, nouvelle parution chez les Editions Sonatine.
Titre original : Straight white male, est son premier livre traduit en français. Il est écossais et vient de l’industrie musicale. D’ailleurs, ses références sont plutôt intéressantes. Il cite XTC, The Smiths ou encore Pernice brothers, les Sex pistols. Il cite également beaucoup les auteurs anglais classiques, souvent avec à propos.
D’emblée, il nous est sympathique. Et la couverture française du livre, plutôt rigolote et fraiche, confirme l’impression. Par contre, son héros, Kennedy Marr (comme Johnny Marr ?), sorte de misogyne et d’alcoolique increvable est moins fréquentable. Du moins dans la première partie du roman qui se déroule aux USA où le dit écrivain habite après avoir quitté Londres et son ex femme.
Il est une sorte de croisement entre des héros de John Irving par leur vitalité et d’une série télé bien connue : Californication, auquel Niven emprunte quelques codes.
Cette première partie est souvent drôlatique par la façon qu’a ce M. Marr de se mettre dans les ennuis et de s’en sortir finalement toujours. On dirait parfois du Dan Fante mais en moins désespéré.
La deuxième partie qui se déroule en Angleterre, où Marr a dû revenir pour éviter la faillite, se fait petit à petit plus douce, plus amère.
Niven dévoile les faces cachées de son personnage. Son histoire familiale, sa soeur décédée à une trentaine d’années, son frère qui vit toujours en Angleterre, sa mère malade. Sa famille donc qu’il n’a pas vue depuis des années, ces visites qu’il ne fait pas et pour lesquelles il se dit à chaque fois « si je n’y vais pas, elle ne mourra pas » en parlant de sa mère. Piètre excuse. Kennedy Marr est un personnage qu’il est difficile de ne pas aimer. Il nous fait rire mais au fond, on le trouve pitoyable. C’est un enfant, pourri gâté, qui est arrivé à la richesse et à la célébrité mais qui n’a rien en réalité.
Toute la deuxième partie du livre tourne autour de ce constat.
Kennedy Marr va-t-il arriver à grandir ? Va-t-il assumer son âge ? Murira-t-il ?
Vous le saurez en lisant cet Enfant terrible et en aimant ou pas cet anti héros, tête à claques, attachant parfois et drôle.
John Niven, Enfant terrible, traduit de l’américain par Nathalie Peronny, Editions Sonatine, février 2015