En 1995, Polly Jean Harvey désintègre le trio PJ Harvey et sort To Bring You My Love, son premier album solo, sous le nom du dit trio. En s’affranchissant du format de groupe, elle affirme sa féminité. Visuellement, en adoptant un look résolument plus sexy que dans ses précédentes incarnations, et dans sa musique.
Dans un album-concept aux sonorités rock voire industrielles, elle interroge l’état de femme amoureuse. Soumise ou dominatrice, maman ou putain, innocente ou manipulatrice, toujours folle d’amour, jusqu’à se perdre et mourir de chagrin. Intense, toujours. Nous en parlions ici.
Réécouter ce disque à l’aune de ce qu’elle a produit depuis, c’est redécouvrir son album le plus impudique, le dernier où elle aura mis en scène les sentiments les plus intimes qu’une femme peut ressentir sur tout un album, en y mettant toutes ses tripes. Si, pour elle, se réaliser en tant que femme par l’amour peut mener à la perte, elle a su affirmer sa puissance en dévoilant ses facettes les plus fragiles ou ses engagements politiques.
Elle semble aujourd’hui avoir donné à son oeuvre une tournure plus cérébrale, peut-être moins impulsive, explorant les instrumentations et thématiques au gré de ses préoccupations du moment. Chacune de ses livraisons est attendue impatiemment. Qui sait ce qu’elle nous réservera à l’avenir ? Où que ses pérégrinations la portent, nous serons là pour les accueillir et en attendant, nous aurons toujours ses classiques, comme cet album, à dévorer.