[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]À[/mks_dropcap]la sortie de l’album Odelay, Beck est déjà un géant pour moi. Les disques Mellow gold et One foot in the grave sont passés par là et Odelay, très attendu, renforce l’image d’un grand musicien (à défaut d’un grand chanteur).
Il m’a semblé, en 1996, que ce nouveau disque était un mélange de ses précédents. Une sorte de rap très spécial, de pop, de voix trafiquées, d’easy listening et d’americana (on employait déjà ce mot à l’époque?), de samples venus d’un peu partout (on pense forcément à DJ Shadow).
Odelay, c’est un fourre-tout flamboyant, magnifique. Du hip-hop ou du folk, de la musique indienne par moments. Des chansons sur lesquelles on pouvait bouger, d’autres plus douces sur lesquelles rêver comme Lord only knows malgré un démarrage qui ne le laissait pas présager.
Beck, à cette période, transforme tout ce qu’il touche en or. On accepte de lui ce qu’on n’acceptait peut-être moins chez les autres. Cette propension à se foutre de tout, à suivre ses idées et à les imposer.
J’ai parfois l’impression d’entendre les Beastie Boys de Ill communication sur Odelay. Je pense aussi parfois à Pavement. Je ne sais toujours pas si je préfère le Odelay bidouilleur ou celui plus classique. Les deux sûrement. Ce qui laisse cette impression que Beck digère une bonne partie de sa culture musicale pour en sortir quelque chose de totalement nouveau et surtout une musique qu’il est le seul à faire.
22 ans plus tard, je peux toujours écouter cet album avec un immense plaisir. La suite de la carrière de Beck m’a laissé moins de souvenirs malgré encore quelques bons disques. Mais être capable de sortir en peu d’années la triplette dont on parle ici, c’est déjà mémorable.