[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#a31818″]L[/mks_dropcap]es amateurs de William Shakespeare, dont je suis, connaissent bien cette pièce gaie et tourbillonnante qu’est Beaucoup de Bruit pour Rien (Much Ado About Nothing). L’acteur et réalisateur britannique Kenneth Branagh, grand admirateur de l’œuvre du barde, eut l’excellente idée de nous en proposer une version filmée en 1993, adaptation joyeuse et enlevée de la pièce.
Tel un passeur du théâtre shakespearien, il nous livre ici un hommage à l’écrivain anglais mais parvient aussi remarquablement à transmettre sa passion pour Shakespeare, faisant découvrir au public la facette légère et pleine d’humour de l’écrivain.
Étonnamment, on a vraiment affaire ici à un film sur une pièce de théâtre, sans que cela ne choque outre mesure ni ne lasse. Branagh y réunit une distribution inattendue et prestigieuse, faisant défiler sur la scène les jeunes acteurs américains prometteurs et en vue de l’époque : Denzel Washington,Keanu Reeves et Robert Sean Leonard, évadé du Cercle des Poètes Disparus, mais aussi l’actrice anglaise Emma Thompson, ravissante et talentueuse compagne de Branagh à la ville, et Michael Keaton dans le rôle d’un personnage étonnant.
Le début du film donne le ton : Beaucoup de Bruit pour Rien a été tourné au milieu des paysages de Toscane, dans un cadre champêtre et enchanteur. En réalité, l’action se déroule en Sicile. Nous sommes en 1599 à la fin de la guerre, la victoire est acquise, les soldats sont de retour. Leur esprit est enfin plus léger et enclin à se laisser porter par une seule chose : l’amour…
Le gouverneur de Messine, Leonato, et sa famille fêtent l’arrivée des beaux jours. C’est alors que Don Pedro (Denzel Washington), de retour de campagne avec ses valeureux soldats, Benedict (Kenneth Branagh) et Claudio (Robert Sean Leonard), fait halte dans sa propriété.
Dès qu’il voit la belle Hero (la jeune Kate Beckinsale) fille de Leonato, Claudio en tombe éperdument amoureux. La jeune fille partage cette passion. Benedict le cynique qui, pour sa part, n’est pas prêt à renoncer à son célibat, entreprend une joute verbale avec la belle Beatrice (Emma Thompson). Alors que tout le monde est à la fête, Don Juan (Keanu Reeves), le frère bâtard et perfide de Don Pedro, nourrit de sombres desseins. Il entend en effet s’opposer par la ruse au bonheur de Claudio…
Pour la seconde fois, Kenneth Branagh redonnait vie à Shakespeare après le sombre et tragique Henry V, choisissant cette fois un registre plus léger en adaptant cette joyeuse comédie dans lesquels les acteurs font merveille. Branagh et Thompson forment un couple de « chien et chat » attachant, plein d’humour et de répartie, dont les joutes verbales sont un pur délice.
Tout est bien qui finit bien et l’on ne se lasse pas d’observer ces personnages insouciants et pleins de vie, lesquels, après les jeux de la guerre, vont se livrer à ceux de l’amour, aussi cruels et exaltants avec leurs lots de trahisons, leurs ruses et leurs mots d’esprit. En un mot comme en cent : splendide !