[dropcap]J[/dropcap]oué plus de 1000 fois en live, A Forest est devenu LE titre emblématique de The Cure, l’incontournable éclairé par une lumière verte et les battements métronomiques de l’appliqué Lol Tolhurst. Un « anti-tube » dont l’allure angoissante résonne inlassablement de sa basse hypnotique, alliée à un chant perdu dans une arborescence influencée par l’imagerie de l’excellent Low de l’icône David Bowie, autre splendeur du minimalisme redoutable.
Le titre, initialement extrait de l’album Seventeen Seconds, sera rogné pour les besoins du 45 tours et couplé avec Another Journey By Train, face B instrumentale plus enjouée quant à sa rythmique mais marquée également par une tonalité propre aux épurations d’antan. On y trouve la patte du producteur Mike Hedges et le brio d’un quatuor prêt à conquérir une jeunesse en mal de perdition au sein d’obscures labyrinthes. Il est question de peur et d’une humeur qui a la mine d’une bande son de film d’épouvante.
En parlant de frayeur, nous sommes en 1981 au festival de Werchter. Robert Palmer et ses sbires piaffent d’impatience afin de prendre place sur scène. Agacés par cet empressement qui manque cruellement de courtoisie, les nouveaux princes du post-punk se rebiffent et reboutent l’auteur de Johnny and Mary hors du cadre: A Forest armé d’une version à rallonge et ponctuée in fine d’une exclamative insulte sortie de la bouche de sa majesté Simon Gallup: « Fuck Robert Palmer, fuck rock n’ roll ! »
Le succès du morceau ne se résumera pas à cette anecdote héroïque. A Forest qui fut le premier 45T du groupe à rentrer dans les charts sera remixé, repris, relooké infinitum.
« again and again and again and again (…) »
Un article du grand art, d’une culture musicale profonde et emblématique. Merci pour l’aspect anedoctique d’un tube qui est encore considéré comme un chef d’oeuvre.