[dropcap]I[/dropcap]l l’a eue. Il a posé ses mains sur elle. Même en le repoussant. Il a continué. Les seins. La cuisse. Les reins. Se laisser faire. C’est ce qu’il veut. Ce qu’il force.
Il l’a eue. Comment vivre après ça ? La chute. La solitude. La peur. Le dégoût. Le mépris d’une société. Malade. D’une justice. Malade. La colère qui enfle. Le désarroi. Les cachets pour faire passer. Les pilules qu’elle avale. La chute. Chut.
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Lis la confiscation des autres identités
à la première effraction,
au premier viol,
à la première injonction de se taire,
au premier déni de notre réalité
par une société malade.
Lis comment la sidération prend ses aises.
Comment, à marche forcée,
la vie continue
dans une panique banale
une désorientation humiliante
une bonne figure un peu dissymétrique
pour cacher la victime.
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L’ambivalence. L’amour comme piège. Les sentiments contraires, les sentiments qu’on tait. Pour un bien. Un mieux. Un quelque chose. Tout donner. Pour quoi ? L’humiliation au bout. La domination masculine, patriarcat d’un autre temps, broie, étouffe et enterre ce que la femme peut être. Pourrait être. Veut être. Depuis la nuit des temps.
La colère gronde. Se mue en une haine. Qui monte et monte jusqu’à la vomir. Dans un hurlement.
Alors il faut dire, montrer, à ces sœurs, ces femmes, ces mères. Libres par choix, par colère ou par abandon. Leur montrer qui elles sont, ce qu’elles valent. Pas moins que le sexe opposé. Aussi saisissantes, aussi brillantes. Sorcières courageuses. Sauvages. Mais seules. Parfois sans rien d’autre que leur force pour continuer à tenir debout. La meute des hommes contrôlent. Eux qui ont tant façonnés à leur image, sous leur autorité. Des déesses dociles. Aliénées. Poursuivent leur œuvre parfois.
Féroce réalité.
Féroces. Le mot d’ordre. Avec la même férocité qu’ils ont dominé et domine encore. Tant qu’ils auront tout pouvoir. Tant qu’ils parviendront à convaincre, forcer, endormir. Sans rêves.
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La femme seule attire la peur
la femme libre attire la haine
la femme belle attire la violence
la femme laide attire le mépris
la femme normale attire la pitié.
Baignée d’hostilité,
l’air joyeuse, patiente et tendre
je t’attire.
Approche un peu que je te montre
à quoi tu ressembles.
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Féroces, comme ce tryptique de Cécilia Colombo à l’encontre du monde où la domination masculine reste omniprésente. On y retrouve le rythme sec des Nouveaux Anciens de Kate Tempest porté par la colère de Némesis. Par la voix des autres femmes, écrivaines, poétesses. S’appuyant – on le sait, on le ressent – sur des documentations en sciences humaines. Pas d’invention… Mais une féroce réalité de ce que nous refusons bien souvent de voir.
Féroces sont les hommes. Et même si je n’ai pas toujours partagé la vision de tous les propos de ce recueil, Féroces peuvent et doivent l’être les femmes lorsque leur corps, leur cœur, leur libre arbitre sont réduits en cendres par la main qui fait feu.
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Féroces
de Cécilia Colombo
Éditions Les beaux désordres – février 2020
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Image bandeau : ©Noah Buscher/Unsplash
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Bonjour, je n’ai pas Facebook et je souhaite commander le livre, est ce possible ? Merci de votre réponse.
Bonjour,
Je n’ai plus de compte facebook et souhaite commander ce livre afin de l’offrir à ma fille
Merci de votre réponse 🙂