Ruins est le dernier album en date de Grouper, alias Liz Harris mais son enregistrement date déjà de quelques années. Les sept premiers titres sont en effet issus d’enregistrements réalisés lors d’une résidence artistique au Portugal alors que le Made Of Air final date lui de 2004.
Pour les auditeurs déjà confirmés de Liz Harris, c’est ce morceau qui se rapproche le plus de ses œuvres précédentes en particulier de The Way Their Crepts, soit une longue pièce hypnotique et sombre entre Ambient et Drone. Pour ceux qui découvriront l’album de cette californienne, précisons qu’elle a déjà à son actif une dizaine d’albums dont les indispensables Dragging A Dead Deer Up A Hill et Alien Observer.
Même si Made Of Air est excellent, j’avoue avoir encore plus craqué sur les autres titres. Made Of Metal ouvre l’album, court morceau, une simple percussion entourée de croassements de grenouilles puis arrive le magnifique Clearing, un piano, la voix de Liz Harris, nue comme on ne l’a jamais entendue. Cette émotion, cette fragile beauté, on la retrouvera tout le long de Ruins, du poignant Call Across Rooms au tout aussi fort Holding, qui rappelle le meilleur de Low. Les textes sont eux-même empreints de profonde tristesse, histoires d’amours impossibles et de solitude.
La simplicité de ces enregistrements (un simple 4 pistes, un piano, quelques bruits de fond ) donne l’impression d’entendre pour la 1ère fois la voix de Liz Harris, on la sent elle-même parfois timide voire impressionnée devant un tel dépouillement. l’orage, les grillons ou le micro-onde qui rend son dernier souffle n’y changeront rien, cet album, c’est avant tout cette voix et ce piano qui s’émancipent et osent se découvrir.
Liz Harris nous donne là un des albums les plus émouvants et mélancoliques de l’année. Ruins est disponible chez Kranky depuis le 31 octobre :