Dans le genre de l’épate et de la pose, Hard Day en impose d’emblée. Belle ouverture, cadres impeccables, esthétique brillante tout droit sortie des pubs pour voitures de prestige, le film joue la carte de la maitrise alliée à un rythme en cut assez rapide, qui nous promet un rock’n roll chromé de très bonne facture.
L’intrigue, au départ assez convenue, mêle rapidement un nouvel ingrédient qui fait lui aussi mouche, l’humour, voire le franc comique. La scène où le protagoniste s’organise pour planquer le corps dans le cercueil de sa mère est ainsi jubilatoirement construite, mix de MacGyver et de Mission Impossible, le tout empêtré dans une atmosphère résolument comique.
Seong-hoon Kim multiplie les plongées et sait indéniablement filmer la ville, et son scénario va ensuite se complexifier considérablement.
Il est assez saisissant de voir à quel point le film de nourrit, sur ce point et bien d’autres, de l’esthétique de la série. Twists comme autant de cliffhangers de fin d’épisode toutes les 20 minutes, caméra à l’épaule et technologie constante au service de l’enquête à la 24 Heures, et même, au centre du film, un «rêve » du personnage principal qui a vraiment tout du « Previously on Hard Day »… tout nous renvoie sans cesse à cet univers calibré.
Certes, l’humour noir et loufoque est censé apporter sa singularité, mais c’est justement là que le bât blesse.
Là où des cinéastes comme Bong Joon-Ho, Park Chan-Wook voire Tarantino, savent parfaitement distiller le mélange entre intrigue, comique et gravité, Seong-hoon Kim se vautre volontairement dans la bouffonnade la plus pure, et délaisse au bout d’un moment l’intérêt qu’on pouvait prêter à son intrigue ou ses personnages. Lorgnant clairement vers le cartoon, les combats interminables, les retours en série, sont certes l’occasion d’une poursuite dans l’inventivité visuelle, mais fatiguent un brin et hystérisent à outrance des figures qui étaient pourtant assez bien croquées au départ : un flic ripoux qu’on nous force à apprécier, un bad guy machiavélique qui deviennent deux pantins dénués d’épaisseur.
Le mélange des genres est une alchimie délicate. On ne peut pas dire qu’elle réussisse à Hard Day, qui affirme clairement un savoir-faire, mais qui pêche dans sa cohérence d’ensemble.