[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l est toujours très satisfaisant que la fiction se joue de la réalité. Non pas en la déstructurant, mais en produisant un mensonge qu’on partage avec l’auteur durant le temps de la lecture. Nous y accordons du crédit pour qu’il produise du fictif. Harpo de Fabio Viscogliosi est l’un de ces livres dont on aime le mensonge. On sait que c’en est un mais Harpo Marx, figure de la comédie américaine, mérite un tel traitement imaginaire. La vie de ce frère Marx est bien connue, il suffit d’être en accord avec le dérapage fictionnel pour qu’il devienne un personnage romanesque.
On peut imaginer ce qu’on veut car le comportement humain se dispense souvent de logique et il est prouvé que les décisions les plus importantes, celles qui engagent la vie tout entière, se prennent dans une absolue légèreté, l’homme se rapprochant en cela de l’animal, porté par l’instinct, la tentation ou ce qu’on nomme, tout bêtement, un coup de tête
Fabio Viscogliosi
Fabio Viscogliosi s’empare donc de ce comédien à la figure atypique, clown mélancolique et muet dont chacun-e possède un souvenir ou une vague idée. Le mensonge auquel l’écrivain va nous faire croire est une escapade française. Tandis qu’il rentre d’une tournée en URSS (ce qui s’est réellement produit), le personnage Harpo ne se rend pas au port du Havre pour repartir mais s’échappe sur la nationale 7. Dans les vallons de l’Ardèche, sa voiture fait une embardée. Harpo ressort amnésique de cet accident.
Tout le livre de Fabio Viscogliosi semble être établi sur cette amnésie. Elle est le lieu de la fiction elle-même où l’histoire et les personnages vont venir créer l’illusion. L’enjeu du livre n’est pas d’être une biographie (même fictive) du comédien mais bien de provoquer une écriture romanesque.
La littérature est habituée à créer de l’illusion. On peut penser dans un autre style au tableau fictif dans Les Onze de Pierre Michon aux éditions Verdier. Le livre de Fabio Viscogliosi fait aussi partie des livres qui s’emparent de la mythologie du cinéma. Durant cette même rentrée d’hiver, Pierre Senges a écrit un roman sur Stan Laurel avec Projectiles au sens propre aux éditions Verticales.
Cette façon de traiter le réel dans les livres donne un sens précis à l’écriture. C’est une pratique magique où se rejouent nos petites histoires, comme libérées de la prison du passé.
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Harpo de Fabio Viscoglisio
Actes Sud, janvier 2020
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Image bandeau : Photo by Valery Sysoev on Unsplash