[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1a1959″]D[/mks_dropcap]éjà remarqué pour son premier roman Les Loups à leur Porte, Jérémy Fel refait le coup du pavé (et encore plus cette fois, 730 pages au compteur) et du polar mi-psychologique mi-horrifique.
Il faut avouer qu’il est plutôt habile dans le genre. Ses pages se dévorent. On veut connaître la suite des aventures de ses héros et il nous est difficile de lâcher le bouquin.
En cela, Helena est une belle réussite. Un « page turner » très efficace.
Pour les moins, le style n’a, selon moi, rien de remarquable. D’ailleurs si le roman se lit aussi vite, c’est aussi parce que la langue utilisée est assez simple.
Dans les moins, il y a quelques invraisemblances gênantes par moment. Par exemple, un policier qui enquête mais ne vérifie pas qu’une voiture brûlée appartient bien à la personne qui le lui dit.
Ou encore un héros qui tombe nez à nez et par hasard avec une maison où il a subi des sévices étant jeune.
Bien sûr, tout cela fait avancer l’intrigue mais est-ce pour cela que l’on doit être dupe ?
Au final, je suis passé par-dessus ces petites choses et me suis laissé embarquer, tout en ayant conscience que ce Helena n’était pas de la grande littérature, que c’était presque un plaisir coupable mais après tout, pourquoi pas.
L’intrigue prend place au Kansas, un été étouffant. Plusieurs personnages apparaissent tour à tour et vont finir par se croiser pour le plus grand malheur de tous.
La violence va se déchaîner même chez ceux qu’on pensait au dessus de tout soupçon.
Certaines choses ne s’expliquent pas. Je crois que lui-même ne comprendra jamais son geste, comment il a pu puiser ça en lui, ce qui s’est passé dans sa tête pendant ces minutes où sa vie a basculé. Parfois, je me dis que cette violence-là est tapie en nous et qu’il ne faut pas grand chose pour qu’elle surgisse pour tout briser.
Les personnages de Jérémy Fel vont être confrontés à cette violence, vont devoir faire des choix pour tenter de se sauver, ou tenter de sauver leur famille. Choix qui s’avéreront désastreux la plupart du temps, entrainant les protagonistes dans encore plus de violence.
L’auteur se livre aussi à une analyse intéressante de ses personnages, avec des retours en arrière sur leur vie, expliquant ainsi ce qu’ils sont devenus et comment.
Un enfant livré à lui-même contre les sévices que lui inflige un membre de sa famille. Une mère témoin de ces atrocités mais qui met du temps à réagir, pensant qu’un fois le père mort, le problème va se régler seul et sans séquelle.
Il ne devait pas pleurer. Il n’était plus un gamin.
Les gamins, on les dévorait dans les champs à la nuit tombée. Les gamins, on les faisait hurler derrière les portes closes.
Et il y a ce côté horrifique avec le jeune Tommy, en proie à des monstres, qui le poursuivent à travers des champs (on pense souvent à Stephen King dans Helena, on se souvient aussi de Signes de M. Night Shyamalan), aux voix qu’il entend dans sa tête.
Difficile de terminer cette chronique sans évoquer la surprise du titre. En effet, Helena n’apparaîtra qu’à la toute fin du livre. Le chapitre qui lui est consacré éclairera en partie la psychologie d’une jeune fille que nous avons suivi tout le long du roman.
Si vous aimez avoir peur, que les 700 pages ne vous effraient pas et que vous voulez un livre qui se lit facilement, Helena de Jérémy Fel pourrait être fait pour vous.