* ATTENTION SPOILERS *
Il vaut mieux avoir vu la saison 4 avant de lire cette chronique
Retour en grâce pour Carrie Mathison et ses comparses.
La saison précédente critiquée de toute part, parfois à raison, souvent à tort, avait le grand mérite de faire disparaître l’un des deux personnages principaux et ainsi de boucler une histoire, de permettre aux scénaristes de repartir sur autre chose. Sur quoi pouvait-on légitimement se demander une fois terminée la saison 3. Brody mort, qu’allait devenir Carrie ? Allait-elle se retirer du circuit, faire son deuil et élever son enfant ?
Le début nous montre l’inverse. Le terrain, toujours le terrain. Mais un bombardement au mauvais endroit, des victimes civils ramène Carrie chez elle. Sa soeur, sa fille. Point de départ.
Cette petite fille rousse comme son père n’est qu’une douleur pour Carrie, au point de tenter de la supprimer définitivement. Dès lors, elle fera tout pour retourner à Islamabad. Fuite en avant, comme toujours serait-t-on tenté de dire. L’explication de cette fuite viendra en fin de saison.
Quoi qu’il en soit, une fois revenue au Pakistan, Carrie se concentre de nouveau sur son travail ; convainc Peter Quinn de venir l’épauler. Lui, en pleine crise de culpabilité, à la dérive, hésite, comme souvent, et comme à son habitude… cède à Carrie.
Un nouveau personnage apparaît, un jeune pakistanais, victime avec sa famille du bombardement évoqué plus haut. Lui a survécu. Il sera au centre de l’intrigue pendant quelques épisodes. Carrie mettra la main sur lui pour le transformer et lui permettre d’accéder à son oncle terroriste.
Faux semblants et manipulation, on retrouve les fondamentaux et les questions de Homeland.
Jusqu’où peut aller pour traquer des terroristes, peut-on mettre en danger des civils, des innocents ? Jusqu’au bout selon Carrie, jusqu’à donner et utiliser son propre corps.
Un premier basculement de l’intrigue aura lieu avec l’enlèvement de Saul Berenson par le terroriste chassé par Carrie depuis le début de la saison.
Or Saul est le mentor de Carrie. Est-il acceptable de le tuer pour éliminer le terroriste en question ? Combien de fois Saul a-t-il aidé Carrie au cours des saisons précédentes ? Combien de fois a-t-il mis sa réputation en jeu pour suivre les intuitions de sa protégée ?
Le plus intéressant dans cette saison sont les changements d’états d’esprit de Carrie. Sa fragilité émotionnelle, ses doutes, ses retournements. L’intrigue se resserre sur elle. Tout le reste est sur la touche, mis de côté, présent mais seulement pour nous permettre d’accéder à Carrie.
Cette saison, Carrie endosse le rôle, non pas sauveur de l’Amérique, trop grand pour elle mais celui de sauveur de ses proches… Qu’elle se sauve elle-même en prenant ce rôle semble assez évident.
En sauvant son pays des attaques terroristes, elle se perdait elle-même, de même que Quinn.
Choisir ses proches au lieu de son pays se rapproche d’une rédemption pour Carrie. C’est la fin d’une fuite en avant accentuée par un passé douloureux dont une des clés est dévoilée à la fin de cette saison.
Cette saison serait-elle la dernière ?
Non.
Les portes restent ouvertes et de nombreux chemins s’offrent à Carrie. Une Carrie qui finit désorientée, perdue. Elle a fait le choix de l’humain, de la fidélité, oubliant ses obsessions de sécurité, et l’humain lui claque dans les doigts.
De la rédemption dans Homeland ? Jamais.
Je suis un fan inconditionnel de « Homeland » mais n’ai vu que les 3 first saisons (viens de finir la 3 il y a deux jours). Malgré ton avertissement, je n’ai pas m’empêcher de lire rapidos cet article.
« Homeland » : Quel maestria, quel puissance ! Envoûtante, passionnante et terriblement addictive, cette série est géniale, tant niveau scénario, mise en scène que du jeu des acteurs (Carrie en tête).
Comme tu le dis : Faux semblants et manipulation sont bel et bien les fondamentaux et les questions de « Homeland ».
Perso, je comprend mal les critiques envers la saison 3 qui m’a autant, sinon plus, captivé que les deux premières.
J’ai hâte de découvrir la saison 4, surtout avec la fin de la 3, quasi « inédite » à ma connaissance : oser faire mourir un des personnages centrales et véritable leitmotiv de la série (du moins, ce qu’ils voulaient nous faire croire ???). Quel culot des scénaristes/créateurs quand même !!!
De plus, envie renforcé par ton article + un autre des Inrocks.
A +