Commencer une carrière musicale par un succès commercial et critique, ce n’est jamais facile. On vous attend au tournant. Forcément.
Construit sur le même modèle que Turn On The Bright Lights, le deuxième album, Antics confirmait la formule du succès.
Transformer l’essai et réussir à nouveau avec son deuxième album, ça rassure ou ça fait flipper ?
A l’heure du troisième album, on se dit que c’est celui de la maturité… Et là, Interpol trébuche. A force de creuser le même sillon, on tombe sur un os. Et pas un petit os de caille, hein. Un bon gros humérus de Diplodocus. C’est bien simple, Our Love To Admire est aussi artificiel que les poses des animaux empaillés qui ornent sa pochette. Rien à sauver dans ce disque, sauf une chanson. C’est une chute, donc. Une chute vertigineuse, abyssale. Et le groupe aura du mal à s’en relever.
L’album suivant est éponyme. Ca met pas la pression, déjà. Du style « Cet album, C’est Interpol »*. Enfin, pas Interpol-Interpol, hein… IN TER POL (écrit en énoooooormes lettres, qui, sur la pochette, pourtant, explosent). Le message est clair : « Cet Album, c’est nous, on a tout mis, même nos grands-mères et nos enfants. Notre sang, nos organes génitaux, nos tripes et nos rognures d’ongle. TOUT Y EST. et on a décidé de tout exploser, de tout casser et de se reconstruire« *. Ah.
La section rythmique se muscle, les guitares sont plus en arrière.
Au final, on obtient un bon gloubi boulga. Il en ressort pourtant un magnifique Lights, qui est carrément un diamant, un immense morceau.
Et allez, on va sauver…. deux autres morceaux de l’album ?
Antics date de 2004.
En 10 ans, 4 morceaux écoutables sur deux albums, ça ne fait pas beaucoup.
On en arrive à se dire qu’Interpol est un groupe de singles, pas un groupe d’albums.
Pour 2014, on nous annonce donc El Pintor. Mains rouges de femmes sur fond noir. Sensualidad.
Et comme je suis rapide comme l’éclair, il a fallu que je lise quelque part qu’El Pintor est une anagramme d’Interpol !!! Et là, le message est clair : « C’est toujours nous, mais on a décidé de changer les choses, de mettre du désordre dans tout ça, et pour autant, de donner autre chose, une autre harmonie« *, tout ça, quoi…
Et comme Interpol sait être subtil, délicat et nuancé, il enfonce le clou avec le premier extrait dévoilé, qui porte le doux nom de All The Rage Back Home… Tout un programme !
La suite sonne ENFIN comme un renouveau, un retour à la créativité. Les guitares reviennent, avec un son différent, elles se font dentelles d’acier. Elles structurent, elles portent certains morceaux, elles ne se cachent plus. Soutenues par une section rythmique puissante, elles deviennent les boucles qui portent les chansons… Des chansons qui ont un sens, une direction, ne se dispersent plus, ne s’éfilochent pas comme elles pouvaient le faire dans les albums précédents. La formation s’est regroupée, passant de quatuor à trio, Paul Bank tenant désormais la basse en plus du chant et mine de rien, ça change.
Promesse tenue, la rage est bien de retour, et bien tenue.
Ceux qui n’aimaient pas Interpol, ou qui n’y voyaient qu’une resucée du rock indépendant des années 80, n’y verront que du feu. Néanmoins, le groupe revient de loin, et plutôt en forme.
Je trépigne à l’idée d’écouter dans quelques années… Trepinol ?
Album sorti le 8 septembre 2014.
En concert le 27 janvier à l’Olympia, Paris
Site Officiel
*(toutes les « citations » sont une invention de l’auteur)
Lecteur Deezer
Lecteur Spotify
bravo !!!
mais je conteste quelques trucs par exemple tu ne parles pas de The Undoing !!!! super titre non ?
Je souhaite de tout mon cœur que la seule bonne chanson dont tu parles sur Our Love to Admire c’est Pioneer to the Falls.
Ce titre est magnifique.
Salut les garçons,
Je me suis fadé les deux morceaux que vous me proposez, pour vous répondre au mieux. Je vais apporter une réponse aussi subjective que le reste de ma chronique, en espérant ne pas froisser les vôtres, de subjectivités :
John, désolé, pour moi la chanson que tu proposes ne décolle jamais, malgré de bons débuts, et c’est ce que je reproche à toutes les chansons de cet album, sauf au premier single : The Heinrich Maneuver, que je garderais donc.
Edouard, je me rends compte que ton commentaire peut faire l’objet d’une double lecture, et je me permets donc de répondre aux deux acceptions que je décèle : Oui, « The Undoing » est un titre intéressant et mystérieux. Quant à la chanson qui porte ce nom, je ne la sauverais pas de l’album éponyme d’Interpol.
Merci pour vos commentaires !