[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#A67EBA »]C'[/mks_dropcap]est un petit ouvrage au format 19 x 26. Un ouvrage court de 72 pages, imprimé en bichromie où la couleur violette est omniprésente. Mais ce concentré de BD nous offre un grand plaisir de lecture. On se surprend même à y revenir plusieurs fois, pour s’imprégner de l’ambiance qui s’en dégage, remonter le fil romanesque de l’histoire. Ne manquez pas « J’adore ce passage » (Gallimard) de Tillie Walden (récompensée l’an dernier aux Etats-Unis d’un Eisner Award pour « Spinning »).
C’est son 3e livre publié par les éditions Gallimard, le tout en un an et demi. Née en 1996 à Austin, la jeune Tillie Walden n’en est donc pas moins une auteure prolixe. Et militante aussi. Mais tout en délicatesse, à l’image de ses étonnants dessins pleine page. Féministe, elle fait la part belle aux femmes dans ses ouvrages. « J’adore ce passage » ne fait pas exception à la règle. Les hommes sont absents. L’amour homosexuel est présent. Au féminin.
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Le scénario se base sur la rencontre de deux adolescentes d’une petite ville américaine. Elle se croisent en cours, partagent une passion pour la musique, s’échangent des clins d’œil complices. Elles s’apprivoisent, se découvrent, découvrent qu’elles s’aiment, s’enlacent, s’embrassent, veulent se revoir…
Pour autant, la bande-dessinée ne dit pas tout de la partition d’amour qui se joue. Les ellipses sont nombreuses. D’une page à l’autre, on devine que le sentiment amoureux naissant est mis à mal par l’éloignement souhaité par l’une des deux filles. Elle n’est pas prête. Elle ne peut pas continuer. Le regard des autres, la famille, le milieu social… De cela, tout est exprimé en une phrase courte ou, plus simplement, rien n’est dit. Le résultat est le même pour autant. L’auteure s’attarde ainsi sur des instants de vie furtifs mais symboliques. Un immeuble perdu au milieu des nuages, une page de jeunes gens qui se croisent, une ville qui s’étend… Tillie Walden prend son temps. Elle se plaît à dessiner des filles en devenir, tout autant que l’environnement ou le silence. Un bel acte graphique, où le dessin file sur la bande animée d’une vie amoureuse teintée de culpabilité.
J’adore ce passage – Tillie Walden , Traduit de l’anglais (États-Unis) par Alice Marchand
Gallimard – 8 mai 2019