[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#33cccc »]A[/mks_dropcap]u fin fond de l’Ecosse, dans un petit village de pêche vit James Yorkston, chaleureux et discret musicien que l’on aime avoir pour ami depuis une dizaine d’années et auprès duquel il fait bon s’asseoir et regarder le monde ralentir.
A l’occasion de la sortie du très beau The Route To The Harmonium, son nouvel album, je vous propose un retour sur un artiste bien trop méconnu et talentueux.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″][/mks_dropcap]Né en 1971 à dans la région du Fife, James Yorkston s’inscrit dans la grande tradition du folk britannique dans les pas de Nic Jones ou Bert Jansch mais n’hésite pas à sortir du cadre en croisant la route de Four Tet ou Paul Webb.
Membre initial du Fence Collective aux côtés de King Creosote ou The Pictish Trail, il se fait la main en tant que bassiste du groupe punk Huckleberry avant de se lancer sous son nom et en compagnie de The Athletes qui l’accompagneront sur ses premiers disques.
Repéré par des gens comme John Peel ou John Martyn, il signe rapidement chez Domino Records et sort en 2002 un superbe premier album dénommé Moving Up Country suivi deux ans plus tard par le tout aussi recommandé Just Beyond The River, produit Kieran Hebden.
The Athletes s’effacent peu à peu et seul le nom de James Yorkston apparaît sur les albums suivants, The Year Of The Leopard, produit par Rustin Man et le fabuleux When The Haar Rolls In, mon préféré jusqu’à aujourd’hui, bijou de folk dépouillé à rendre vert de jalousie Bonnie Prince Billy à son meilleur .
S’enchaînera ensuite, à un rythme très régulier, Folk Songs, album de reprises de ses marottes, Anne Briggs en tête puis I Was A Cat From A Book et The Cellardyke Recording And Wassailing Society, produit par Alexis Taylor de Hot Chip.
Toujours en quête de collaborations et d’expérimentations, James se rapproche de Jon Thorn, bassiste de Lamb et de Suhail Yusuf Khan, pour deux albums merveilleux Everything Sacred, dont nous avions parlé ici et Neuk Wight Delhi All-Stars, reliant avec grâce Edimbourg à New Dehli.
Multi instrumentiste, James Yorkston trouve également le temps nécessaire pour s’adonner à l’écriture, sa deuxième passion qui se concrétise sous la forme de deux livres parus en 2011 et 2016.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’est donc l’heure du neuvième album pour James Yorkston avec The Route To The Harmonium, composé et enregistré dans le village de Cellardyke en compagnie de David Wrench.
On y retrouve le James Yorkston que l’on aime, capable des plus belles ballades folk à faire chialer dans les chaumières mais non avare de morceaux plus expérimentaux et tendus, portant un regard chaleureux et lucide sur le monde qui l’entoure par le prisme de sa famille et de ses amis dans ce village qui semble hors du temps et indispensable à cette harmonie qu’il recherche tant .
Comme à son accoutumée, James Yorkston ne se contente pas d’une simple guitare et utilise, entre autres, dulcitones, harmoniums, autoharpes et nyckelharpas, instrument à corde suédois. Loin d’être de simples gadgets, ils donnent une ampleur et une émotion supplémentaire aux 12 chansons d’un disque remarquable de bout en bout.
Sur le versant ballade romantique, on est tout de suite sous le charme dès les premières mesures de Your Beauty Could Not Save You, sur laquelle la voix mélancolique de James Yorkston soutenue par une douce trompette fait des merveille, bientôt suivie par le remarquable The Irish Wars Of Independance. Toutes aussi bouleversantes seront The Villages I Have Known My Entire Life, qui n’est pas sans rappeler Sufjan Stevens ou encore Oh Me, Oh My.
Ailleurs, sans perdre en émotion, il accélère le rythme et glisse quelques nappes synthétiques illuminant Shallow, parle plus qu’il ne chante et durcit sa voix sur les trépidants My Mouth Ain’t No Bible et Yorkston Athletic à la croisée du krautrock et d’un hip-hop expérimental.
Splendide album, remarquable artiste, The Route To The Harmonium est un nouveau joyau pour James Yorkston !