Quand le mal arrive les coutures craquent. Partout. Ceux qui semblaient vivre vie quasi parfaite montrent alors l’étendue de leurs souffrances et de leurs perversions. Connaît on jamais quelqu’un vraiment ? Les personnages de Jérémy Fel sont vils, mauvais, méchants. Cruels aussi. Malheureux. L’argent ne leur a pas donné le bonheur escompté et ils cherchent les divertissements par tous les moyens. Tout pour s’aveugler. Tout pour échapper à la réalité. Tout pour se venger de ce qu’ils considèrent comme une agression insupportable.
Elles sont quatre. Quatre jeunes filles, de familles aisées voire riches, pas encore majeures mais déjà en partance pour un voyage en Afrique du Sud, avec l’accord et l’argent de leurs parents.
Ce qui devait être une longue fête se transforme en cauchemar. L’une d’elles disparaît et est retrouvée morte, mutilée, torturée et finalement brûlée vive.
L’auteur, dans un prologue d’à peine quatre pages, donne le ton de son roman à venir : une violence atroce, folle et ravageuse.
« J’ai tenté de la faire souffrir du mieux possible. Sans répit. je n’oublierai jamais le bruit de la lame transperçant la chair, éraflant parfois l’os. Qui n’en a pas fait l’expérience ne peut pas savoir vers quelle extase une telle sauvagerie peut mener. C’est au-delà des mots. Ça touche au sacré. Et pourtant il s’agit d’un acte si bassement animal. Humain. »
─ Jérémy Fel, Malgré toute ma rage
Tout au long de ces 500 pages, il nous plonge dans une horreur qui ne cesse d’être plus présente. Chaque personnage prend la parole dans de longs ou plus courts chapitres pour donner son point de vue, raconter ce qu’il/elle a vécu pendant ces quelques jours en Afrique du Sud. Pour se dévoiler aussi et raconter une partie de sa vie. Tout ceci jusqu’à la révélation des raisons du meurtre.
Avec Malgré toute ma rage, Jérémy Fel nous propose un roman extrêmement violent dans lequel on a le sentiment qu’il donne à chacun de ses personnages une noirceur de plus en plus profonde, jusqu’à en faire trop. On peut adhérer ou pas. En tout cas, en terme de page turner, Malgré toute ma rage se pose candidat. Est-ce suffisant pour en faire un grand livre de littérature ?