Après l’ouverture du bal avec Sea, Salt and Paper, il est temps de poursuivre cette catégorie mettant à l’honneur les jeux de société avec un autre mastodonte du secteur : Sky Team.
A première vue, sans doute sera-t-il plus difficile de convaincre des néophytes de s’essayer à ce jeu tant son thème est singulier. Il s’agit en effet de réussir l’atterrissage d’un avion. Je dois bien avouer que, moi-même, quand j’ai découvert les premiers avis dithyrambiques sur ce jeu, je suis resté perplexe. Mais, sans avoir joué au jeu, que valait mon opinion à côté des files d’attentes qui s’étiraient à l’infini pour tester Sky Team lors des festivals ? Pas grand-chose, assurément.
Alors, j’ai testé. Et j’ai été plus que convaincu. Le dijonnais Luc Rémond – cocorico ! vous remarquerez que malgré leurs titres anglais, les deux premiers jeux mis à l’honneur sont conçus par des français, dont les productions font parties des plus intéressantes du monde ludique – a eu l’idée de ce jeu lors d’une sieste, en pensant à l’un de ses amis adepte de planeur. Il a alors essayé de retranscrire la tension dans la cabine de pilotage pendant l’atterrissage d’un avion.
Après de multiples tests, en s’affranchissant de certaines contraintes et en épurant le principe, il a donc conçu Sky Team, un jeu coopératif (c’est-à-dire que l’on joue dans la même équipe… oui notre intérêt commun est que l’avion atterrisse sereinement) basé sur le placement de dés, exclusivement à deux joueurs (un pilote et un co-pilote) qui ont la formelle interdiction de se parler lors des temps de jeu (mais bien souvent, les debriefs d’après-partie n’en finissent plus à coups de « mais pourquoi tu as mis ton 6 ici, il fallait le mettre là ! »).

Concrètement, chacun lance en secret une poignée de dés et devra, l’un après l’autre, en disposer un sur le plateau central dans l’emplacement le plus stratégique possible. Ces actions permettront de tourner, de diminuer l’altitude, d’éviter les autres avions (c’est mieux) ou même de gérer les stocks de kérosène pour réussir l’atterrissage. Pas de panique, en cas d’échec, les dommages collatéraux restent virtuels et il ne tient qu’à vous de retenter le défi.
L’autre attrait de ce jeu, c’est qu’il peut se jouer en campagne. C’est-à-dire qu’il y a des niveaux, de plus en plus complexes, avec du matériel qui se rajoute petit à petit. Une évolution comme dans une série télévisée, d’une certaine manière. Et un bon moyen d’apprendre le jeu progressivement, sans être envahi par des règles complexes avant d’être devenu un duo de joueurs aguerris. De Montréal à Tokyo, 11 aéroports et 21 scénarios vous attendent. Et si les parties sont relativement rapides (comptez un gros quart d’heure quand vous maîtriserez le jeu), certains scénarios risquent de vous donner du poil à retordre… et vous rendre addict à ce jeu.
Habituellement, je n’aime pas trop les jeux coopératifs. Et modérément les jeux basés sur l’aléatoire des dés. Pourtant, comme bien d’autres, j’ai retourné ma veste après une seule partie. Il faut dire que la tension est omniprésente et que, malgré la part de hasard intrinsèque aux lancers de dés, le jeu est réellement stratégique et basé sur le « guessing », cette mécanique qui consiste à deviner ce qui se passe dans la tête de votre équipier. Au-delà du prétexte qu’est le jeu de société, Sky Team vous laissera assurément des souvenirs communs et solidifiera probablement la relation à votre partenaire de jeu. Rien que ça.



