[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]ttention claque à l’horizon. Kelsey Lu est ce qu’on pourrait appeler un ovni. Violoncelliste depuis l’âge de six ans, elle quitte à 18 ans sa Caroline du Nord natale et la secte qui l’a vue grandir pour New York. Après plusieurs expériences créatives, elle sort un premier EP empreint de liberté – retrouvée. Enregistré en live dans une église de Brooklyn avec son violoncelle et une pédale de samples, Kelsey Lu y laissait déjà entrevoir son style complètement hybride et sa sublime voix.
Désormais installée à Los Angeles où l’artiste a retrouvé nature et calme, et après plusieurs collaborations avec notamment Solange et Blood Orange, elle sort son premier album en avril 2019. Dans Blood, elle approfondit son approche musicale avec un prisme beaucoup plus ample, en introduisant r’n’b et soul dans une pop baroque unique. Egalement guitariste, les cordes prennent une place centrale dans les treize morceaux composant l’opus.
Introduction avec Rebel, sorte de relais entre son univers précédent et ce qui suit. Pushin Against the Wind vient asseoir l’élégance de Kelsey dans une sorte de folk lyrique aux paroles aériennes et au refrain envoûtant:
« Pushing against the wind I see
From the outside, I barely know
On the inside, power shows
The beam and a light have always glowed, too. »
Due West prend la suite, décrivant l’arrivée de la chanteuse en Californie, et faisant ses adieux à la vie trépidante new-yorkaise.
« Due west, I’m headed on this road
Due west, just cruise as far as I can go to
California, California, California
Never looking back, goodbye […] »
Le morceau est R’n’b, et pour nous surprendre, celui qui suit s’apparente plutôt à une interlude composée par Agnes Obel, avec des voix superposées qui se répondent dans un monde imaginaire et fantastique. Kelsey Lu aime les mélanges, c’est peu dire, et nous ballade dans son univers bigarré avec grâce et facilité.
Foreign Car groove. Le clip défonce tout sur son passage. Carrefour entre toutes les frontières, tant musicalement que visuellement, il laisse place à Poor Fake, perle pop de l’album. Avec des superpositions de voix et des arrangements rappelant le génial Hounds Of Love de Kate Bush (violons aux airs irlandais et voix parlée improbable) dans lequel on aurait ajouté une basse funky.
Restent six morceaux superbes à découvrir, dont une reprise hypnotisante de I’m Not In Love des Britanniques 10cc.
Accalmies de cordes et montées en puissance dreamy caractérisent la jeune femme qui s’annonce être une des prochaines grandes artistes à compter dans le vague paysage de la pop.