Placé sous le haut patronage de Jean Gabin, avec des répliques, tirées de ses rôles marquants, qui font mouche, L’horizon qui nous manque n’en reste pas moins une fresque sociale. Après Un homme doit mourir que j’avais qualifié de polar naturaliste et Le chemin s’arrêtera là, Pascal Dessaint nous revient très en forme, socialement parlant donc !
Un vieux fusil de chasse traîne aussi par là, servant peu, mais un jour le coup part. Un homme, presque par hasard est tué. Loïk aide Anatole, notre vieux solitaire, à dissimuler le corps. La tension, présente depuis le début éclate soudainement avec cet événement. Mais ce n’est pas tout. Car Loïk a des réserves. Sur son chantier, sans contrat de travail, il y a son patron, qu’il ne supporte pas. Et Loïk entraîne Anatole dans une aventure qui se termine assez mal. Suffisamment pour que la police s’en mêle. Et la police ici, disions nous, lit Proust. C’est Martin qui se colle à l’enquête. Mauvaise pioche car ce Martin en traînant dans ce coin campagnard perdu (pas tant que ça finalement), est tombé sur Lucille et ils ont eu une aventure, qu’ils voudraient bien prolonger. Entre eux, il y a Anatole, Loïk, une agression sur le chantier et plus tard un cadavre mal dissimulé. Dommage.
L’horizon qui nous manque présente des personnages assez noirs, voire tordus, malsains. Pourtant, le lecteur ne peut s’empêcher de s’attacher à eux.
Oui, le coup de fusil est parti, par hasard. Un homme est mort. Que faisait-il là ? Il devait bien savoir qu’on ne traîne dans des coins pareils, des coins où la chasse même fermée, peut se faire. Pascal Dessaint nous touche à nouveau de plein fouet. Ses dialogues nous emportent, ses descriptions aussi. Et si ce n’est pas un bâton de dynamite qui clôt le roman, un coup de fusil fera aussi bien l’affaire. Parce qu’après tout :
Et puis ce patron agressé, il n’avait pas donné de contrat de travail !« – Tu as embauché en retard.
– J’étais en pique-nique
– Avec ta nièce?
– Oui, avec ma nièce.
– T’as toujours la même excuse.
– J’aime beaucoup ma nièce.
– J’aime aussi beaucoup la mienne mais je passe pas mon temps à pique-niquer avec elle.
– Tu ne dois pas l’aimer assez.
– Bien possible. »« … il y a de quoi se demander si c’est utile de vivre et de mourir parfois. »