[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#A74A28″]É[/mks_dropcap]ric Stalner (dessin et scénario), auteur de Saint-Barthélémy, La Croix de Cazenac ou bien encore de Vito, s’associe à Cédric Simon, scénariste et grand amateur d’histoire et de fiction, pour nous parler corruption, spéculation et affairisme sous le règne de Napoléon III. La Curée n’est autre, en effet, que l’adaptation BD du roman d’Émile Zola, deuxième volume de l’œuvre que l’écrivain consacra aux Rougon-Maquart. L’ouvrage se lit sans coup férir, nous plongeant dans les affres de l’âme humaine tout autant que dans le Paris défiguré par les grands travaux haussmanniens.
Personnage central de la bande-dessinée, Aristide Saccard n’a jamais douté de sa bonne étoile. Arrivé dans la capitale à la fois pauvre et Républicain, en 1852, il est convaincu que son destin est voué à bien plus de grandeur. Quitte à filouter, manipuler et même embrasser l’Empire avec patience et avidité. Alors, on le suit dans ses pérégrinations avec une délectation à peine contenue, tant ses manigances nous font sourire voire nous surprennent.
Prêt à tout pour satisfaire ses ambitions, il ira même jusqu’à feindre regretter le décès de son épouse malade. Un épisode dramatique qui lui offre, en réalité, l’occasion de se remarier avec Renée, jeune femme plantureuse et magnifique par ailleurs très fortunée. Voilà qui tombe à pic pour notre homme sans vergogne !
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Cette seconde épouse va toutefois lui mettre involontairement quelque bâtons dans les roues. Qu’importe, Saccard saura s’en occuper. La belle s’ennuie ? Elle recherche la jouissance de l’interdit jusqu’à nouer une relation très charnelle avec son beau-fils qu’elle a quasiment élevé ? Qu’à cela ne tienne, les élites étant amorales et corrompues, tout cela ne peut qu’aller dans le bon sens ! Vous l’aurez compris, la BD colle au plus près du règne de la finance et de la débauche que décrivait Zola dans son roman. Cela ressemble parfois à une grande farce, tant les vociférations des protagonistes et leurs postures caricaturales vont crescendo. Les focus réalisés sur les visages de certains ajoutent à ce sentiment de décadence sans limite. Outre le fait de suivre les aventures d’Antoine Saccard, qui gravit donc les échelons de la vie sociale parisienne avec un aplomb déconcertant, « La curée » nous offre de découvrir, à travers quelques plans bien sentis, un Paris en plein renouvellement urbain. En effet, Haussmann et consorts sont à la manœuvre pour racheter, à prix d’or s’il le faut, des bâtiments entiers situés là où de nouveaux boulevards doivent prendre forme. En d’autres termes, il est des hommes comme Saccard pour saigner la capitale et la creuser jusque dans ses entrailles, l’occasion faisant le larron.
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Version moderne et illustrée de l’œuvre de Zola, La Curée se présente comme une vraie satire sociale servie par de beaux dessins expressifs. L’argent tout puissant y a gain de cause. La vraie question est de savoir si les choses ont vraiment évolué depuis ?!
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La Curée – Eric Stalner et Cédric Simon
Les Arènes BD – 17 avril 2019
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