Il est souvent arrivé que je trouve aux romans de Vincent Message un côté clinique presque froid, une sorte d’étude sociologique. Dans Cora dans la spirale, le monde du travail, dans Les années sans soleil le Covid et ses conséquences.
Avec La folie océan, on pourra évoquer l’écologie ou le monde de la pêche.
De même entre cet auteur et moi c’est soit tout soit rien. Deux de ses œuvres m’ont laissé sur le bord de la route. J’ai adoré les autres. Étrange. Et donc j’ai abordé ce nouveau roman avec prudence. Une lecture lente et parfois laborieuse notamment pour les aspects techniques ayant trait à la pêche ou pour les rapports de scientifiques à propos des fonds marins. D’une construction absolument étonnante et presque contradictoire, La folie océan a su me séduire doucement jusqu’à ce que je me mette à le dévorer totalement surpris.
La première page, les premiers mots annoncent à la fois la mort du personnage principal et donne à lire le style de l’auteur.
« Le premier signe de mort a provoqué Quentin un jour de la fin juin, au seuil de sa maison, alors qu’il remontait de la plage sous le soleil de midi, que le sel tirait dur sur la peau de son visage et que la chaleur délicieuse de l’effort accompli se propageait dans son corps, en une série de vagues aussi vives que l’eau de la mer était froide. »
─ Vincent Message, La folie Océan
Ce Quentin que l’on va suivre, personnage ambivalent, est un militant écologiste. Convaincu par la cause qu’il défend, il est capable d’aller très loin jusqu’à un éventuel sacrifice. C’est un jeune homme entier et limite borderline.
On apprend peu à peu son histoire, de l’enfance au collège avec sa bande de copains et copines qu’un drame va briser. Sa famille aussi. Son père notamment, pêcheur de Bretagne qui se sent trahi par son fils, sa mère en retrait. Et puis son amoureuse, plus âgée que lui et entretenant une autre relation que Quentin accepte sans souci.
Vincent Message passe de l’un à l’autre de ses personnages. Principalement Quentin et Maya. Il nous dévoile leur(s) histoire(s) petit à petit, tout en décrivant très largement le petit monde de la pêche bretonne décimée par les gros exploitants, les militants écologistes découragés par les dommages subis par les océans, les marées noires, les procès, les scientifiques qui alertent dans le vide.
C’est un roman très actuel et souvent décourageant, presque défaitiste mais peut-il en être autrement ?
« On n’a rien sans combat, pense-t-elle, et désormais, le combat est ailleurs. Pas dans le rapport qu’elle est en train d’élaborer, pas dans les présentations si brillantes que Bruno fait à tel ou tel colloque. Oh, on les écoute poliment, on les approuve ou les contredit en y mettant les formes, on les applaudit, même, et quoi ? Pendant ce temps, ceux qui ravagent l’océan dorment sur leurs deux oreilles; Il n’y a que les gens comme Quentin qui leur fassent un peu peur. On ne concède rien à ceux qui ne montent pas le ton, à ceux qui lèvent la main et attendent qu’on leur donne la parole. »
─ Vincent Message, La folie Océan
Dans la partie quasi documentaire on oublie peu à peu les menaces sur la vie de Quentin, avant qu’elles reviennent en force pour la deuxième partie, complètement différente. Le rythme s’accélère, une enquête, comme un roman policier. Les rebondissements aussi qu’il faut absolument taire ici.
« On n’a rien sans combat, pense-t-elle, et désormais, le combat est ailleurs. Pas dans le rapport qu’elle est en train d’élaborer, pas dans les présentations si brillantes que Bruno fait à tel ou tel colloque. Oh, on les écoute poliment, on les approuve ou les contredit en y mettant les formes, on les applaudit, même, et quoi ? Pendant ce temps, ceux qui ravagent l’océan dorment sur leurs deux oreilles; Il n’y a que les gens comme Quentin qui leur fassent un peu peur. On ne concède rien à ceux qui ne montent pas le ton, à ceux qui lèvent la main et attendent qu’on leur donne la parole. »
─ Vincent Message, La folie Océan
Ce qu’on peut dire par contre, ce sont les moments de grâce, près ou dans l’océan, en plongée, à la rencontre des animaux, des surprises, des dauphins par exemple. Passages merveilleux qui valent à eux seuls la lecture de ce très beau livre.



