[dropcap]C[/dropcap]’est toujours une voie semée d’embûches pour un écrivain de construire un récit sur sa propre famille. Claro s’y est engagé dans La maison indigène paru juste avant le confinement aux éditions Actes sud. Cette période inédite renforce la singularité de ce livre. Ainsi, il mérite qu’on s’y attarde à nouveau. L’auteur semble maîtriser avec brio le labyrinthe personnel qu’est son héritage. La maison construite par son grand-père en Algérie est le point de départ d’une quête d’identité.
J’ai compris, mais un peu tard, qu’une maison est souvent un lieu où l’on attend quelqu’un. On reste là, devant le portail, persuadé que l’attente peut précipiter la venue de l’absent. Pendant ce temps, la maison dépérit, doucement, et avec elle tous les souvenirs qu’elle distillait au quotidien. Claro
Cette maison indigène a été conçue par Léon Claro en 1930. Elle a plusieurs noms : maison ou villa du centenaire, maison mauresque ou millénaire. Tout cela pour désigner la copie coloniale d’une particularité architecturale de la culture algérienne. Elle est le symbole de la domination française.
Claro n’est pas le premier à s’emparer d’un bâtiment algérien pour construire un récit. Marie Richeux évoquait en 2017 dans Climats de France, paru aux éditions Sabine Wespiser, le lien entre l’habitat de son enfance et des logements sociaux construit à Alger juste avant la guerre. Ces deux endroits furent conçus par l’architecte Fernand Pouillon. L’autrice interrogeait alors son parcours personnel au regard de l’Histoire.
Cet entremêlement entre architecture, domination coloniale et quête d’identité, Claro l’explore tel un héros perdu dans un labyrinthe. Il tisse le fil conducteur avec pour matériau sa propre famille, mais aussi des figures comme celle d’Albert Camus, Jean Sénac ou encore Le Corbusier. Son récit est construit pour s’y perdre et y retrouver des liens. Au-delà de ce qui relie Claro à Camus, son grand-père à Le Corbusier ou Sénac à son père, Claro n’enquête finalement que sur une seule personne. Le récit de La maison indigène semble être une sinuosité de crêtes que l’auteur viendra ensuite aplanir pour mieux décrypter la figure paternelle.
La maison indigène n’est pas l’allégorie du travail littéraire de Claro. Ce serait plutôt comme il le dit des « pénibles souterrains qui ne mènent nulle part quoique circonvoluant telles des entrailles inavouables ». Cette auto-dépréciation ne doit pas masquer cette vision d’une écriture se fabriquant comme un labyrinthe où l’on se cherche soi-même.
Claro laisse entendre qu’il pourrait y avoir un autre livre sur une « ébauche du père », reprenant le titre d’un livre de Sénac. On comprend alors que la recherche est infinie. L’écriture qui en bâtit les contours semble également n’avoir pas de fin.
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La maison indigène de Claro
Actes sud, mars 2020
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Image bandeau : Photo de Dawn Hudson extraite du site de photos de domaine public publicdomainpictures.net