Lors de ses débuts avec les Vivian Girls, Katy Goodman se faisait encore appeler Kickball Katy, pseudo plein de promesses qui avait dû participer, avec la taille de ses tatouages et celle de ses jambes, à la fascination qu’elle avait exercée, un soir de février 2010 au Bottom of the Hill de San Francisco, sur la petite audience dont je devais être le seul élément masculin et hétérosexuel. La bassiste auburn tient désormais la tête de La Sera, combo à géométrie variable mais à objectif fixe : traîner les Ronettes jusqu’au Garage, fantasme récurrent du rock féminin US (on jurerait parfois entendre ici le fantôme des Throwing Muses).
Sauf qu’après deux albums plutôt mélancoliques (rythmés par les parfaits Please be my third eye, Break my heart, Never come around ou Real Boy), ce Hour of the dawn s’avère bien plus énervé et revêche, grâce sans doute à l’arrivée de Todd Wisenbaker à la guitare, lequel a dû beaucoup écouter Joey Santiago et Johnny Marr quand il était petit – grand bien lui fit.
Katy joue plus vite, Katy chante plus fort, Katy ne veut plus être seulement la parfaite girl-next-door-à-frange indie, et Katy trouve un équilibre assez bluffant entre les guitares débridées (impeccable Losing to the dark) et des compositions qui, si elles restent très pop dans l’esprit et diablement efficaces (Running Wild, Hour of the dawn), ne jouent plus sur la corde girly que pour mieux tromper l’ennemi (All my love is for you). Katy a bien grandi.