Un bien joli roman dans lequel on entre sur la pointe des pieds mais dont on ressort heureux.
La Source est une sorte de saga familiale alambiquée, d’autant plus qu’elle est racontée par une nonagénaire dont on ne sait si elle a encore toute sa tête ou si elle invente (au fur et à mesure qu’elle se confie à la narratrice) les événements qui l’arrangent.
On se croirait parfois chez Jean Giono, notamment dans Ennemonde et autres caractères ou encore plus dans Les âmes fortes avec ce point commun d’une vielle femme qui raconte ses souvenirs. L’ambiance rurale de La Source rajoute encore aux similitudes avec Giono.
La narratrice vit dans un petit village de Franche-Comté pour obtenir l’autorisation de consulter les archives de la mairie en prévision d’une visite future avec ses étudiants. Point d’hôtel pour la recueillir, elle se réfugie chez Lottie, vieille dame qui habite le grand domaine des Ardennes sans pour autant faire partie de cette famille aujourd’hui disparue. Lottie va prendre la narratrice en affection et lui conter l’histoire de cette famille ainsi que la sienne.
Des histoires vont se chevaucher, des points communs vont apparaître, des mystères vont être dévoilés par le biais de cette parole libérée maintenant mais contenue si longtemps. L’oreille qui écoute va également comprendre des choses de sa vie et de son passé car il y a quelque chose de la filiation entre ces deux personnages énigmatiques.
Roman écrit dans une langue très littéraire et souvent surprenante, le livre d’Anne-Marie Garat se dévore une fois entré dans son esprit et dans ses constructions de phrases à la fois classiques et novatrices. Il faut savoir garder sa concentration pour ne pas rater un élément important et certains passages demandent une relecture attentive afin d’en saisir tout le sel.
Un grand plaisir de lecture au final mais une lecture qui se laisse désirer et ne se donne pas facilement.
Un extrait à lire ici :
La Source d’Anne-Marie Garat, paru aux éditions Actes sud, août 2015