[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]U[/mks_dropcap]n policier en pleine dépression malgré ses succès dans son travail. Une héritière en fuite. Une jeune désespérée par la disparition mystérieuse de sa fille de 10 ans. Un groupe d’amis quittant l’Argentine pour trouver du travail dans l’ Allemagne d’près-guerre. Deux frères partageant un lourd secret.
Tels sont les nouveaux personnages de La veille de presque tout, roman de Víctor Del Árbol, paru aux éditions Actes Sud.
Le précédent roman de Del Árbol, Toutes les vagues de l’océan m’avait beaucoup plu. Je me suis jeté sur son dernier ouvrage.
On y retrouve le style de l’auteur :
Beaucoup de personnages, dont il ne révèle les vérités que partiellement, se laissant le temps d’installer une ambiance plutôt triste voire carrément glauque parfois. Del Árbol ne fait pas dans la dentelle.
Un rapport à l’Histoire toujours passionnant. Après la Russie, voici l’Argentine au moment de la guerre des Malouines.
Des allers et retours dans le temps qui obligent le lecteur à une grande attention ; un passé obsédant, qui revient sans cesse et empêche de vivre le présent, une envie de vengeance jamais démentie et que certains personnages veulent à tout prix assouvir.
L’enfance est également omniprésente dans La veille de presque tout. Une enfance meurtrie, tuée parfois, maltraitée, dont on ne se remet jamais vraiment. L’enfance, jamais protégée suffisamment par les adultes.
De parents tortionnaires en parents négligents, Del Árbol nous présente une vision noire de l’humain.
Il y a pourtant de la beauté dans ses pages. La relation entre les enfants Daniel et Martina, eux aussi unis par un secret que le lecteur ne comprendra qu’aux toutes dernières pages. De la beauté aussi dans l’affrontement de deux vieux hommes, à la fin de leur vie, qui se retrouvent pour régler leurs comptes.
De l’amour aussi, parfois. De l’amour qui fait souffrir, car les personnages de Del Árbol font des choix, des choix humains par excellence mais ces décisions les entraînent souvent dans la mauvaise direction.
Et le lecteur les voit s’enfoncer, aller encore plus loin dans le mensonge. Il croit alors deviner leur destin car un des talents de Del Árbol, dans ce roman, est de nous proposer, par bribes, des morceaux du futurs de ses héros. Au lecteur de reconstituer ce puzzle formidable.
La veille de presque tout de Víctor Del Árbol traduit de l’espagnol par Claude Bleton, Actes Sud (Actes Noirs), 2017
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