[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#fca2db »]L[/mks_dropcap]e 45ème festival de la bande dessinée d’Angoulême ouvre donc ses portes aujourd’hui et jusqu’au 28 janvier. Et pour l’occasion on vous propose de parler de l’album de Fabcaro, Et Si l’Amour c’était Aimer.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#fca2db »]E[/mks_dropcap]t si l’Amour c’était Aimer ? Ben oui, après tout ? C’est donc en ces termes que Fabcaro revient sur le devant de la scène dessinée. Non pour nous titiller, philosophiquement parlant, sur l’amour avec un grand A, mais bien pour nous faire marrer avec une histoire d’amour à l’eau de rose. Pour cela, il utilise l’absurde comme arme de séduction. Perso, je suis in love.
Zaï Zaï Zaï (également édité chez 6 Pieds Sous Terre) m’avais tellement scotché de rire que j’en avais fait une pub à tout va. Je ne fus pas le seul adepte de cet humour décalé, illustré par un trait de crayon des plus expressifs, puisque cette BD connut un grand succès.
Au point d’ailleurs que Fabcaro s’en moqua par la suite dans Pause (édité chez La Cafetière) en s’inquiétant de ne plus exister que comme « l’auteur de Zaï Zaï Zaï« .
Que celui-ci soit rassuré, son imagination débordante et son goût pour les situations ubuesques, tout autant que le nombre d’ouvrages qu’il a désormais commis (une bonne vingtaine), en font un auteur assurément reconnu au-delà des frontières « zaïennes ».
Bon, pour ne pas s’éparpiller, tentons de synthétiser : si l’on n’est pas sensible à l’absurde et que l’on prend les choses au premier degré, ce ne sera pas suffisant pour apprécier Et si l’Amour c’était Aimer. Au mieux, on ne verra pas l’intérêt. Au pire, on imaginera que c’est du foutage de gueule.
En vrai, ce nouvel ovni ne ravira que les fans, ceux qui aiment la macédoine ET le chanteur de la Compagnie Créole, ceux qui ont des cousins qui aiment le reggae, qui confondent Michel et les pirates avec Miches et Pilates, ou qui mesurent leur amour à l’aulne du nombre de balades effectuées dans les allées d’Ikea (afin de noter frénétiquement des références de tables basse). Les lecteurs sensibles à l’humour noir sauront aussi apprécier le travail de l’artiste : comme lorsque ce couple, parlant à voix basse pendant un enterrement (et se faisant rappeler à l’ordre), finit par lâcher : Eh oh, ça va, c’est notre fils, pas le vôtre. Mort de rire !
Si, malgré tout, on devait rester sérieux quelques instants, retenons que Fabcaro possède plusieurs marottes, lesquelles se font un malin plaisir de figurer aussi en filigrane de ce méli-mélo façon « roman-photo ». Il en est ainsi de sa description des travers de notre société de consommation (déjà présents, entre autres, dans La Bredoute, chez 6 Pieds Sous Terre), et des sacro-saints codes de bonne conduite à respecter dans notre société (voir Steak it easy, chez La Cafetière).
Au-delà du style, reste à dire un mot sur le sujet même de la BD : l’amour, les relations amoureuses, et l’amour encore : on se délectera donc des valses hésitations de Sandrine avec Henri, de Sandrine avec Michel, de Henri avec Bruno… Et, dans cette fiction romanesque à souhait, proche des ressorts de la télé-réalité, on s’amusera aussi à regarder la tronche plus vraie que nature de ces kitchissimes personnages, qui passent du rire aux larmes, et de la commande… d’un pain aux raisins à la sensation d’un vide sans fond.
En conclusion, le kitch, c’est chouette. Et le ketchup, c’est bon aussi. Je sais, ça n’a aucun rapport. Mais parfois, l’absurde a ses raisons que la raison ne connaît pas. Alors, pourquoi s’en priver, hein Fabcaro ?
j’adore ce gars, je conseille absolument