J’aime à choisir quelques classiques dans mes abonnements et, cette année, ce sont Les fourberies de Scapin de Molière, au Grand T. L’évocation du projet par le metteur en scène Laurent Brethome, qui n’avait pas encore débuté en juin, lors de la présentation de saison, m’avait plu, je m’attendais à une mise en scène décoiffante et moderne. Tout débute au milieu de containers enfumés et dans une ambiance sonore de port. Les personnages sont vêtus de costumes contemporains. Mais le texte de Molière est bien là. L’intrigue se met en place rapidement, un quiproquo, des amours contrariés…
Je réalise également que mes vieux souvenirs étaient attachés à Sganarelle… Une confusion sûrement liée aussi à la photo de plage utilisée pour illustrer cette création. Jérémy Lopez fut ma grande découverte. Pensionnaire de la Comédie-Française, il apparaît sur scène avec un flegme déconcertant, grignotant ses pistaches et avec une mise en bouche totalement contemporaine et très impressionnante des mots de Molière.
Le rythme s’accélère, l’intrigue se noue, le sang coule, le suspense monte. Non content de profiter du texte, avec des situations ou bons mots humoristiques, la mise en scène nous offre des moments de fous rires. Notamment lorsque l’un des serviteurs se déguise en méchant avec une magnifique perruque à mi-chemin entre la coupe de mulet et celle du groupe Europe, soquettes de tennis et tong au pied, tout torse velu dehors.
La prestation de Jérémy Lopez est de plus en plus époustouflante, avec le rythme effréné de l’écriture. Il joue deux personnages, se casse la voix, court, danse ! On pourrait regretter que les personnages féminins soient bien mièvres et leurs scènes m’ont peu plu, des longueurs selon moi. Mais le texte de Molière est ainsi ! Au-delà de la prestation des comédiens, d’une mise en scène contemporaine, le texte reste d’actualité, évoquant les thèmes éternels des rapports humains, père/fils, puissants/serviteurs.
J’espère que les nombreux scolaires présents à cette représentation des Fourberies de Scapin ont été sensibles à la contemporanéité de la mise en scène qui leur ouvrait les portes de ce texte classique !