[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#a03621″]D[/mks_dropcap]errière le titre du dernier livre de Florence Pazzottu : Le monde est immense et plein de coïncidences, se cache une récitation du monde identique au but de la poésie (si nous devons encore faire ce type de catégorisation). Nous suivons l’après-midi de trois femmes sur un balcon de Marseille. Elles y racontent l’amour entre Sara et Oreste. Le texte de Florence Pazzottu prend l’allure d’une tragédie grecque avec unité de lieu et de temps. Pourtant bien ancré dans notre présent, il s’inscrit dans la lignée de L’accouchée (éditions Comp’act, 2002) et de La tête de l’Homme (Le Seuil, 2008) mais peut se lire indépendamment.
Ces « trois grâces » sur ce balcon marseillais s’appellent Raga, Sottie et Ichtya. Ce qui donne RSI et l’on entend récit. Tout dans ce texte fait appel à l’art de réciter. Les trois femmes le font en racontant Sara, Oreste et le reste du monde. D’ailleurs l’histoire entre Sara et Oreste (que l’on retrouve dans les deux livres précédents) se situe entre l’universel et l’intime. On comprend que Sara est hors champ et qu’Oreste, figure centrale, n’est plus là. Cette absence est source d’interrogation et de réflexion. Le récit tisse un état du monde au travers de ce canevas.
Cette importance du récit est dans le texte un moyen de transcender la banalité. Ainsi la puissance évocatrice des mots de Florence Pazzottu est à l’intérieur du monde et non en dehors. Ce qui est dit ne peut se passer d’être dit et nous sommes embarqués dans le grand flot de la lecture. Comme le fait remarquer le poète Bernard Noël « Les coïncidences qui ponctuent ce monde immense y introduisent régulièrement des élans, une sensualité, qui troublent une lecture que l’on voudrait raisonnable. Mais ne vaut-il pas mieux que le désir de lire soit soutenu par un appétit plutôt que par la raison ». Alors cédons à nos désirs et remplissons ce monde immense.