« – Mais vous-même, quand vous vous présentez comme « anticipateur », n’est-ce pas de la divination ?
-Non. C’est plutôt une technique subconsciente de traitement des statistiques à l’intérieur d’un champ de connaissances donné. »
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]T[/mks_dropcap]he Game is on. Le 31 octobre 1883, le ciel sera plein d’une lune parfaitement ronde, alors (coups de tonnerre gothiques), alors les portes s’ouvriront pour laisser les Grands Anciens (tentaculaires) secouer notre petit monde assoupi… Cependant, deux camps, les ouvreurs d’une part (prêts à tous les sacrifices et autres rituels pour libérer les forces lovecraftiennes citées plus haut) et les fermeurs de l’autre (bien décidés à empêcher cette hérésie apocalyptique, il y a bien assez de monstres sur terre), s’activent et rassemblent à leur manière tout le nécessaire pour défendre leur cause en vue de cette date fatidique.
Un certain comte assoiffé de sang est ainsi aperçu entre deux battements d’ailes, le détective de Baker Street se révèle bien évidemment de la partie, docteur et créature se font de moins en moins discrets, et un mystérieux guérisseur russe n’en finit pas d’intriguer… Personne ne doit révéler de quel côté il se situe, mais certaines alliances peuvent sûrement sauver des vies ! Ce que les (animaux) familiers de tous ces personnages mythiques ont bien compris : chiens, félins, rampants, rongeurs, chiroptères et rapaces nocturnes s’épient, se partagent les rondes et se négocient des infos en tout genre. Snuff, le compagnon canin de Jack, amateur de grands couteaux, est le narrateur de ces 31 jours fiévreux, prémices d’une partie d’échecs aussi horrifique qu’ésotérique…
Nul grand frisson à prévoir lors de cette lecture, mais bien des éclats de rire et un plaisir intact à chaque page : les chapitres s’enchaînent à une allure folle (dialogues récréatifs à l’appui), les références à la littérature fantastique du XIXème siècle semées ça et là deviennent un jeu dans le jeu… et tout ce joyeux mélange d’érudition symboliste, de construction steampunk et de dérision facétieuse, fait de ce Songe d’une Nuit d’Octobre* un compagnon idéal pour vos soirées estivales ! (Veillez tout de même à éviter le poulpe au dîner)
Le Songe d’une Nuit d’Octobre de Roger Zelazny
traduit de l’anglais (États-Unis) par Ange Desmarais – paru aux éditions ActuSF – janvier 2018
*le titre n’aurait rien à voir avec celui de Shakespeare, aussi, ne manquez pas de lire à ce propos la préface éclairante de Timothée Rey