[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]nexorablement, la roue tourne, le temps passe, le monde change et les modes effectuent leurs mouvements perpétuels.
La question que l’on se pose souvent lorsqu’il s’agit d’évoquer la longévité d’un artiste Pop-Rock, c’est : peut-on continuer à être crédible au-delà d’un certain âge ou vaut-il mieux raccrocher les gants avant l’inéluctable déclin ?
En ce qui concerne Lee Ranaldo, quand on écoute ses trois dernières productions, la question ne se pose pas vraiment puisqu’il a la sagesse de ne pas vouloir reproduire les recettes qui ont fait le succès de Sonic Youth dans les fastueuses années du groupe, même s’il y a très peu de chances qu’il puisse intéresser une nouvelle audience.
Avec cet Electric Trim, Lee Ranaldo continue dans une mouvance classique entamée avec Between The Times And The Tides (2012) et Last Night On earth (2013), située quelque part entre le rock alternatif cher aux college radio US façon REM circa New Adventures In Hifi et un classic rock à la Neil Young flanqué de son Crazy Horse. En ce sens, il prend la direction tout à fait opposée de ses ex-compagnons Thurston Moore ou Kim Gordon, qui sont restés plus attachés à l’expérimentation, au bruit et à la fureur.
Pour ce nouvel album, il a pu bénéficier du concours des fidèles Steve Shelley, Alan Licht et Tim Luntzel, déjà présents sur les précédents albums, ainsi que des apports de Sharon Van Etten sur le mélancolique Last Looks, de Nels Cline (guitariste chez Wilco) et de Kid Millions (batteur d’Oneida).
Bien entendu, comme on ne se refait jamais vraiment, l’album n’est pas exempt de fulgurances soniques. Mais à cela, il oppose des moments bucoliques, comme sur le très pop et très réussi New Thing qui clôt l’album, des phases acoustiques teintées de psychédélisme (Moroccan Mountains) ainsi qu’une démarche plus Pop sur l’excellent Circular (Right As Rain) tandis que Thrown Over The Wall prend un habillage plutôt Folk sur un squelette dissonant.
Cet Electric trim, enregistré entre New-York et Barcelone, prouve qu’à 61 ans, l’éternel jeune homme aux cheveux cendrés conserve une place dans la grand-messe balbutiante du Rock d’aujourd’hui.
Lee Ranaldo, Electric Trim, depuis le 15 septembre chez Mute.
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