Dernière semaine de conseils de cadeaux de noël littéraires ! Pour retrouver l’ensemble de ces conseils n’hésitez pas à cliquer ici
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Les choix de Dominique
Kitsune de Stéphane Presle et Thibault Chimier
Paru chez La Boîte à bulles, octobre 2019
[dropcap]L[/dropcap]a ligne graphique de cette BD se révèle très élégante. Les lignes, les aplats de couleurs, la disposition des cases, les angles, l’équilibre des masses… Le style mis en oeuvre par Thibault Chimier, dont c’est la première incursion dans le monde du 9e art, se révèle parfois acéré et calculé mais participe indéniablement à l’atmosphère électrique du scénario, épousant parfaitement le parcours professionnel et les traits de caractère du personnage principal.
Dénommé Franck, celui-ci est considéré comme l’un des architectes les plus inventifs et doués de sa génération. D’ailleurs, il est invité au Japon pour participer à un concours, dont il est quasi assuré de recevoir le premier prix. Le hic, c’est qu’à la suite d’un terrible accident sur l’un des chantiers dont il assurait le suivi, le voilà qui se remet totalement en cause. Rongé par la culpabilité, il veut changer radicalement d’approche et ce, dès son arrivée au pays du Soleil levant. Sentant le vent tourner, la société qui l’emploie lui assigne une guide au charme imparable mais froid, la redoutable Noriko Suzuki.
On suit ainsi les tergiversations du créateur, ses doutes, sa folie passagère. Imaginé par Stéphane Presle, le récit initiatique s’enchaîne bien, nous conduisant dans les méandres de la pensée de notre héros perdu, ainsi que dans les limbes d’un Japon à la fois moderne et traditionnel. La réflexion et la complexité d’une carrière d’architecte contrariée d’un côté, la simplicité et la fierté encouragée par Noriko d’un autre côté… Franck va avoir bien du mal à départager ses sentiments contradictoires.
Spectateur de cette mutation difficile, on s’amuse et on se prend au jeu des contraires. Incontestablement, Kitsune est un ouvrage intéressant, dont les pages de garde habillés de motifs traditionnels japonais nous mettent tout de suite dans l’ambiance. Prêt.e pour le voyage ?
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Les choix de Marion
Extincta par Victor Dixen
Paru aux éditions Robert Laffont, novembre 2019
[dropcap]V[/dropcap]ictor Dixen nous a habitué à des œuvres futuristes haletantes qui nous invitent à réfléchir à notre avenir, avec notamment Phobos et Cogito. Extincta ne fait pas exception à la règle …
Bienvenue dans notre futur, où les pires prédiction climatiques se sont réalisées : la Terre est ravagée et la plupart des animaux ont disparus. Seuls subsistent encore quelques humains, se nourrissant majoritairement des algues qui pourrissent les mers et les océans … Lentement mais sûrement, l’humanité garde l’espoir de voir revivre la faune et la flore telles qu’elles existaient autrefois, mais cela demande de nombreux sacrifices.
Astréa est née dans les bas-fonds de cette civilisation et rêve de servir le culte de Terra, la religion locale qui encense la nature, et le prince Océrian cherche sa place auprès de sa famille, dans les hautes sphères du palais. Rien ne supposait qu’ils se rencontrent, pourtant quand le frère d’Astréa est injustement accusé d’un crime, leurs chemins se croisent. Ensemble, pourront-ils sauver les hommes ? Car le narrateur est très clair dès les premières pages : l’humanité s’éteindra dans 255 heures. Quelle catastrophe peut encore arriver dans ce monde dévasté, et pourront-ils l’empêcher ?
Victor Dixen nous présente un futur bien sombre, mais au combien réaliste compte tenu de la situation actuelle. Jamais moralisateur, il invite subtilement le lecteur à prendre conscience du moment charnière pour l’avenir de la Terre que nous sommes aujourd’hui en train de vivre. Son récit est maîtrisé, haletant, bourré de suspense et porté par des personnages complexes et toujours intéressants. Et pour ne rien gâcher, la romance n’est pas niaise et plutôt bien ficelé. En conclusion, l’auteur nous offre un très beau moment de lecture qui oscille entre divertissement réflexion écologique. Une réussite !
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In Waves par AJ Dungo
Paru aux éditions Casterman, août 2019
[dropcap]I[/dropcap]n Waves, premier roman graphique de l’américain AJ Dungo, c’est deux histoires réunies sous 400 planches de bande dessinée.
L’auteur nous offre tout d’abord un témoignage autobiographique autour de son histoire d’amour avec Kristen, son ex-petite amie décédée d’un cancer des os, et la façon dont le surf s’est entremêlé à leur relation. A l’aide d’une narration non-linéaire, il nous raconte 8 années passées ensemble, de leur rencontre à leur séparation, de la découverte de la maladie au combat face à cette dernière, tout en mettant en avant le mental de battante de Kristen qui la poussa à aimer les vagues jusqu’à la fin, même après une amputation.
Les pages aux couleurs bleues consacrées à cette histoire personnelles sont entrecoupées de chapitres aux tons sépias, qui s’intéressent à l’Histoire du surf, comme pour nous laisser respirer un peu après ces émotions. L’auteur nous relate la naissance de ce sport et son évolution, en s’intéressant particulièrement à deux figures historiques de cette discipline : Duke Kahanamoku, champion olympique qui a redonné au surf ses lettres de noblesse, et Tom Blake, américain fasciné par Duke qui a conçu les modèles de planches que l’on utilise encore aujourd’hui.
AJ Dungo nous propose une bande-dessinée à la fois instructive et bouleversante. Que l’on s’intéresse ou non au surf, on est emporté par l’histoire et son dessin tout en finesse. Il nous dépeint l’amour qu’il a eu pour cette femme, nous fait ressentir toute sa douleur face au deuil, et l’émotion nous submerge et nous emporte comme une vague. Deux envies s’offrent à nous après la lecture de cet album : pleurer, et aller contempler la beauté de la mer. Une lecture splendide et émouvante, pleine d’espoir malgré son histoire, et une belle idée cadeau pour tous les amoureux des vagues, des belles illustrations et des témoignages poignants.
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Moon Brothers par Sarah Crossan
Paru aux éditions Rageot, septembre 2019
[dropcap]S[/dropcap]arah Crossan nous avait déjà émue aux larmes avec Inséparables, qui mettait en scène une histoire d’amitié bouleversante entre deux sœurs siamoises, et dans un genre différent avec Swimming Pool, qui traitait entre autres de l’immigration et de la difficulté à s’intégrer dans un pays qui n’est pas le nôtre. Une habituée des sujets difficiles donc. Et elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, puisque sa dernière oeuvre, Moon Brothers, s’intéresse cette fois à la peine de mort aux Etats Unis ..
Il y a 10 ans, le grand frère de Joe a été jugé coupable du meurtre d’un policier au Texas. Coupable, “trois ans avant qu’il soit légalement, assez grand, pour se payer une bière au bar du coin”, dans un Etat où la peine de mort est toujours en vigueur. Un jeune noir à problèmes qui tue un policier, le jugement a vite été réglé. Mais est-ce vraiment aussi simple ? Joe est désormais un adolescent, et n’a pas revu Ed depuis son arrestation. La date de son exécution vient d’être fixée dans un mois : il ne lui reste qu’un mois pour redécouvrir ce frère qu’il admirait et qui le protégeait, pour le défendre et tenter de l’innocenter. Un mois pour peut-être lui poser la question qui lui brûle les lèvres : Que s’est-il passé ce jour là, et est-il vraiment responsable de la mort de cet homme ?
Moon Brothers est un roman d’une puissance incroyable, touchant et émouvant, et une histoire de famille bouleversante, portée par une belle écriture en vers libre qui nous aide à ressentir pleinement les émotions contradictoires du héros. On sent tour à tour son chagrin, sa révolte, sa consternation, sa rage et cet amour qu’il porte à celui qui est presque devenu un étranger pour lui. Une oeuvre coup de poing terriblement actuelle qui invite à réfléchir au sujet compliqué de la peine de mort et du système carcéral aux Etats-Unis … Une lecture nécessaire, à partir de 14 ans.
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Les choix de GringoPimento
Comment Akouba inventa l’écriture de Jean-Philippe Arrou-Vignod et Tali Ebrard,
Publié chez Gallimard Jeunesse, mai 2019
[dropcap]T[/dropcap]itre intriguant s’il en est, Comment Akouba inventa l’écriture, avant même le livre ouvert nous questionne et surtout questionne les petits lecteurs.
Savoir comment l’écriture a été inventé ! Quelle aventure !
Mais retournons à ce joli petit livre de littérature de jeunesse où nous découvrons un pays lointain, dans un temps très ancien, reculé où dans un petit village, un très vieux maître enseigne à ses petits élèves toute la journée. Attentifs et désireux de bien faire, ceux-ci sont vigilants mais malheureusement, la mémoire leur fait défaut et tous les jours, de retour avec leur maître, ils ont tout oublié. Malédiction des enseignants !
combien font deux et deux …. le nom de notre premier roi … le nom que porte le fruit du manguier …
Rien ne reste. Étrange maladie nous dit l’auteur !
Heureusement Akouba est un petit garçon rusé. Pour se souvenir, il commence par dessiner des signes dans le sable mais ses camardes piétinent le sable. Il fait d’autres signes sur la tablette de terre sèche mais la pluie détruit ses efforts. Il recommence encore et finit par trouver une solution. Mais nouveau problème ! Tout le savoir du maître ne tient pas sur un bout de tissu. Il en faut d’autres, que bientôt on reliera ensemble. Pour inventer autre chose …
Construit comme une randonnée drôle et inventive, Comment Akouba inventa l’écriture se déguste et se savoure. Le petit air malicieux et rusé du héros qui persévère malgré ses nombreux échecs donne une belle leçon aux enfants qui lisent le livre. Les dessins, la lumière des couleurs, le lieu de ce conte en font également une belle réussite.
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Les choix d’Adrien
Collection Le mot est faible,
Paru aux Éditions Anamosa
[dropcap]L[/dropcap]es éditions Anamosa ont lancés le 7 mars 2019 la collection Le mot est faible dirigée par l’historien Christophe Granger. Trois titres sont parus : Peuple de Déborah Cohen, Révolution de Ludivine Bantigny et École de Laurence De Cock. Chaque livre cherche à considérer un mot dont le sens est devenu tellement vaste que sa force en est affaiblie. Christophe Granger présente ainsi la collection: « Comment lutter dans un monde -le nôtre- qui n’aime rien tant que décréter le bouleversement de tout ? Même les mots paraissent devoir perdre leur sens. »
Le but de cette collection est clair, considérer des mots à la lumière du point de vue politique des autrices invitées. Chaque texte est l’occasion d’alerter et de réfléchir sur notre société contemporaine. Gageons que « Le mot est faible » redonne un peu de clairvoyance au débat politique. Par exemple, le terme Peuple que Déborah Cohen décrypte devient plus nuancé. Après la lecture, il ne semble plus être l’apanage des nationalistes les plus radicaux.
Pour Noël, quoi de mieux qu’offrir un exemplaire de cette collection à son oncle ou sa nièce pour tenter d’apaiser les débats les plus enflammés. Anamosa avec cette collection donne l’espoir que la lecture fait évoluer les idées politiques de chacun-e.
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Les choix de Barriga
Francis Rissin de Marin Mongin
Paru aux éditions Tusilata, septembre 2019
[dropcap]D[/dropcap]e cette dernière rentrée littéraire de septembre c’est sans doute l’un des titres les plus OVNI, farfelus, inclassable. Martin Mongin signe un premier roman enthousiasmant dont il serait dommage de passer à côté.
Qui est donc ce Francis Rissin qui vaut l’objet de ce roman à tiroir, composé de onze chapitres, onze voix qui convoquent tous les genres littéraires. De ces affiches énigmatiques que l’on retrouve collées un peu partout dans l’Hexagone, des Francis Rissin en grosses lettres bleues, juste ce patronyme sans plus d’explication. Des thèses universitaires ont été écrites à son sujet, des hypothèses sur son identité souvent contradictoires, on s’interroge de cette profusion d’affiches, son origine. Est-ce un dangereux mégalomane venu prendre les reines du pouvoir ? On lève une enquête, la police est sur les rangs…
C’est un exercice littéraire délirant, une expérience de lecture inédite que parcourir Francis Rissin. Une fois le livre achevé on s’interroge longuement sur le sens donné à cette histoire qui sonne vrai alors que tout est inventé en une pure fiction. Il faut se laisser entrainer dans ce texte érudit mais limpide, sortir de notre zone de confort pour apprécier à sa juste valeur la construction narrative singulière, addictive. On pense à Borges dans cette enquête méta-littaire, qui part d’un livre introuvable chez les bouquinistes, peut être apocryphe, disparu, la piste d’une usurpation, cette sorte de palimpseste du texte dans le texte qui se fait échos pendant toute l’intrigue. C’est un roman ample et ambitieux, protéiforme, oscillant entre journal de bord, enquête policière, thèse littéraire. C’est aussi en filigrane une superbe parabole sur l’exercice et la fascination du pouvoir, le culte de la personnalité. Il faut saluer la réussite de l’auteur de nous tenir en haleine et de maîtriser ce texte jusqu’au bout malgré les six cent pages qui le composent. Il est certain qu’une deuxième lecture éclairerait encore plus la profondeur du propos de l’auteur tout en gardant le plaisir de lecture.
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Les choix de Marianne
Algues vertes, l’histoire interdite d’Inès Léraud et Pierre Van Hove,
Paru aux éditions Delcourt (juin 2019)
[dropcap]A[/dropcap]sseyez-vous, posez les pieds bien fermement au sol et lisez cette bande dessinée présentant une enquête de plusieurs années et un récit très documenté sur le scandale sanitaire des algues vertes touchant plusieurs plages de Bretagne. Inès Leraud étudie minutieusement les déclarations, plaintes et témoignages de ceux qui sont longtemps restés inaudibles et qui ont même été souvent menacés et réduits au silence.
Mais de quoi parle-t-on dans cette BD ? C’est simple, à première vue : il s’agit d’ algues rejetées par les vagues sur la côte nord de la Bretagne. Formant des amas importants, il s’y développe des doses excessives d’hydrogène sulfuré pouvant être très toxiques voire mortelles. Un chien, un cheval, des sangliers et des homme décèdent, d’autres tombent dans le coma. Des cas isolés au fil des années. En général on conclue à une crise cardiaque, mais on ne cherche pas les causes.
Il s’avère que ce silence arrange de nombreux groupes: les agriculteurs et éleveurs qui sont en première ligne car l’élevage intensif de porcs est directement responsable de cette explosion du taux de nitrate, les maires et responsables du tourisme breton qui craignent pour l’attractivité de leur région, sans oublier les industriels et grands patrons qui depuis des décennies se réunissent en une grande et belle famille pour ériger la Bretagne comme terre d’excellence. Tous ont grandement intérêt à ce qu’on ne mette pas ces affaires en lumière.
Mais en juillet 2009, la mort de Thierry Morfoisse, ouvrier communal chargé de nettoyer les plages en déplaçant des tonnes d’algues avec son camion benne, remue les doutes et les colères : il faut réagir au lieu de faire l’autruche ! Quelques ministres se déplacent sur les plages, on débloque des fonds pour revoir les processus d’élevages, pour nettoyer les plages… Le constat reste cependant très alarmant : aujourd’hui, même si le taux de nitrate semble se stabiliser (bien au-delà du taux maximum tout de même), on évalue à 35 000 tonnes les algues vertes collectées entre mai et septembre 2019 sur les plages bretonnes. Autrement dit : rien n’est réglé.
Algues vertes, l’histoire interdite, une bande dessinée à lire d’une traite comme un reportage saisissant mais nécessaire pour éveiller les consciences et comprendre à quel point nous tolérons l’empoisonnement de notre environnement.
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Saison des roses de Chloé Wary,
Paru aux éditions FLBLB (mai 2019)
[dropcap]U[/dropcap]ne équipe de foot féminin en banlieue parisienne, easy ? Pas tant que ça non, évidemment, car elles ne sont pas prises au sérieux et passent toujours en second plan. Des filles qui jouent au foot, on dirait une lubie de nanas qui veulent faire du sport et provoquer la galerie, mais on se doute qu’elles ne joueront jamais aussi bien que les hommes.
Heureusement la très jeune Chloé Wary est là, combative, franche et sûre d’elle avec son style très pop et ses coloriages au feutre : elle a la dent dure tout comme ses personnages qu’elles dessinent impeccablement. La colère, la force, la détermination, l’envie d’aller au bout de ses choix, le désir de vivre librement et de ne se mettre aucune barrière : c’est tout cela que retranscrivent les personnages de Saison des roses, sans filtres et sans belles manières.
Il y a de l’humour aussi, et beaucoup d’énergie. Dans une une logorrhée puissante, on tourne les pages, on se délecte de ces couleurs et de ce phrasé. On sourit des moments de séduction, de ce qu’ils disent de notre société et de nos rapports humains. Tout ça prend un rythme particulier et très plaisant. Les joueuses claquent et en imposent, elles donnent le rythme et font sacrément du bien !
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