[dropcap]D[/dropcap]epuis le cycle M. M. M. M., Jean-Philippe Toussaint n’a cessé de vouloir retourner vers la fiction. Il a d’abord fait des livres plus personnels puis signé une fiction très imaginative avec La clé USB. Ce que nous ne savions pas, c’est qu’il enclenchait à nouveau un cycle romanesque.
Dans Les émotions, nous retrouvons le personnage de Jean Detrez qui travaille toujours à la commission européenne. Cette nouvelle aventure est plus retenue dans ce qu’elle raconte. L’écrivain s’attarde à décrire la vie intime du personnage, lui donnant ainsi une consistance plus importante.
J’avais envie de déposer ma main sur son bras, mais je n’osais entreprendre le moindre geste. Il y a toujours un moment, dans les relations amoureuses, où, même si on sait que nos corps vont finir par se rapprocher, qu’une étreinte va survenir, qu’un baiser ne va pas tarder à être échangé, on demeure dans l’attente, et rien ne se passe si on ne prend pas la décision d’agir. Jean-Philippe Toussaint
Localisé plus particulièrement en Europe, Les émotions raconte la vie de Jean Detrez par une série de flashback. Nous errons à travers la mémoire du narrateur, hypermnésique bien qu’à plusieurs reprises il affirme ne pas se souvenir avec exactitude. Entre la séparation d’avec sa femme, un séminaire sur la perspective, la mort de son père et l’éruption d’un volcan islandais, nous sommes au cœur de ce qui constitue la vie de Jean Detrez. Contrairement à lui, nous avons l’impression de tout connaitre de sa vie en refermant le livre.
L’écriture de Jean-Philippe Toussaint est toujours plaisante à retrouver. Depuis le milieu des années 80, il a forgé un style inimitable fait de petits détails loin d’être insignifiants. Il joue habilement avec son lecteur, en dévoilant ou en masquant certains aspects de son imaginaire. Son art délicat de la narration se retrouve ici dans le dévoilement subtil de la futilité et du sublime.
Dans toutes ces histoires d’amours, de pertes et d’Europe, l’écrivain belge travaille sur un jeu d’équilibre, celui de la construction d’un monde de fiction fait de réalité et d’évènements imaginaires. Même si tout semble fragile voire à certain moment futile, nous ne pouvons que nous attacher à l’aimable Jean Detrez. Nous sommes pourtant loin du tumulte bruxellois et de son niveau de vie.
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Les émotions de Jean-Philippe Toussaint
Éditions de Minuit – septembre 2020
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Image bandeau : François Genon Unsplash