[dropcap]T[/dropcap]out ce qui est rare est cher. Nous connaissons parfaitement l’expression et le sens de la formule. Le parcours mené par Ryan Karazija est de cet ordre. De vagabondages climatiques en points d’ancrages inspirés pour une échappée aussi confidentielle que précieuse, certains chanceux auront succombé dès 2011 à son hypnotique diffusion. Heureux passagers, appréciant tout autant la profondeur d’exécution que les sensations qui s’en dégagent. C’est un souffle apaisant venu à notre bon souvenir, au gré d’une poignée d’albums marqués par l’emprunte d’une musique pop-folk la tête dans les étoiles. Caché derrière Low Roar, son projet (trop ?) intime, Ryan Karazija déverse autant son tendre registre mélodramatique qu’un certain souffle enivrant, le tout magnifié par un timbre à l’accroche pour la moins ensorceleuse.
Épaulé par Mike Lindsay (habituel frontman de Tunng rencontré également il y a peu en compagnie de Philippe Cohen Solal pour une autre pépite du millésime) et l’ingénieur du son Andrew Scheps, notre architecte en chef repousse encore un peu plus loin les limites microscopiques génératrices de ressentis infiniment grands.
Maybe Tomorrow ne sort pas forcément du lot même si l’ouvrage recèle un peu plus encore une nette tendance à l’effacement sonore. L’éclat du chant n’en est que plus resplendissant ! La musique qui flirtait avec l’ambient, s’en imprègne désormais totalement, au point de toucher davantage aux sensibilités les plus imperceptibles.
C’est ce cadeau qu’annonce d’entrée de jeu David et son piano délicat, reflet d’une réverbération exquise et doublé d’une finition quasi stellaire. Au fil des secondes, la quiétude nous enveloppe avec sa part de mystère, au cœur d’un épatant équilibre entre les vibrations organiques et quelques effets délicieusement lénifiants. Ce cinquième album sera l’occasion d’engendrer et façonner un soin nouveau vis-à-vis des enchainements. Les compositions s’allient en effet dans une globalité de ton et de forme, de crescendo sensibles en grésillements fulgurants distillés avec une parcimonie chirurgicale. Une abstraction intrigante et magnétique, à l’image de la composition picturale réalisée par l’artiste Emma Lindström.
Low Roar nous berce alors grâce à l’exposition au ralenti d’Hummingbird puis le soupçon des touches électroniques de Fade Away dont les pulsations subtiles répondent à de fines harmonies. La décomposition habile des mouvements rentre dans cette logique d’ensemble homogène quoique nourri de singularités méticuleusement aériennes.
Stay Calm, Be Quiet est un appel logique qui repousse l’instant vers les hauteurs tandis que Burial Ground se distingue avec ses accentuations triturées dans une moue contemplative, quelque peu mélancolique, ravissant les nappes, les métaphores fantomatiques et autres bruissements aux accents oniriques.
La nouvelle mouture dévoile également un contraste pénétrant, coincé derrière le leitmotiv délivré par l’achèvement cuivré d’Everything To Lose. Le déchirement d’un air qui impose le frisson hivernal avant que les cliquetis et roulements de Captain n’inondent de leur beauté insondable les notes fragiles d’une cristallisation foudroyante. L’impression de flotter dans l’air est alors édifiante. Maybe Tomorrow atteint dans la plus grande discrétion l’idée même de l’éclipse. Ce que les murmures et silences décèlent finalement de plus remarquable.
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Maybe Tomorrow – Low Roar
Tonequake Records – 30 Juillet 2021
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