[mks_dropcap style= »letter » size= »40″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]À[/mks_dropcap]À l’origine, je voulais rendre hommage à la réédition de Last Splash, des Breeders, sortie il y à 2 ans pour les 20 ans du disque, rebaptisé LSXX pour l’occasion.
J’aurais pu commencer par le design de l’objet, très soigné, que ce soit pour l’édition vinyle ou CD, remettant au goût du jour les visuels d’origine.
J’aurais pu continuer par le contenu, d’une grande richesse, « offrant » aux auditeurs des démos, versions live et autre captation de concert naguère réservée au fan-club, ainsi que toutes les faces B sorties avec les singles issus de l’album. Soit un contenu plus que passionnant.
Je pourrais vous raconter l’histoire des Breeders, vous expliquer d’où ils viennent, et par quelles épreuves ils sont passé.
Je pourrais aussi devenir grivois, et vous raconter le sens de Breeders, de Pod et de Last Splash, si on le regarde de ce côté là, mais ce serait vraiment anecdotique.
Je pourrais vous raconter pourquoi j’aime ce disque : pour la puissance des guitares, pour l’énergie ou parce que Kim Deal a un grain de voix reconnaissable entre mille, une décontraction à toute épreuve, et un sens de l’interprétation inédit, et aussi parce que les harmonies qu’elle et sa soeur jumelle Kelley réalisent sont indispensables.
Je pourrais essayer de me replonger dans mes souvenirs, en 1993, alors que je ne savais rien de Pixies, des Throwing Muses ou de Kim Deal. Je serais bien incapable de vous dire quand j’ai pour la première fois entendu Cannonball, dans quelles circonstances et où. L’ai-je découvert sur une quelconque radio, ou en voyant ce clip réalisé par Kim Gordon (oui, de Sonic Youth, pour ceux qui comme moi à l’époque, l’ignoreraient) et Spike Jonze (qui a réalisé un nombre de clips dont la liste ne tiendrait pas sur mon bras, notamment pour Björk, R.E.M. ou Kanye West, mais aussi les films Dans la peau de John Malkovitch ou Her) ?
Je pourrais essayer d’analyser le succès de ce hit planétaire, qui a largement dépassé le succès de n’importe quelle chanson de Pixies, alors que rien ne l’y destinait. Dans les notes de LSXX, Kim Deal écrit « Nous n’étions pas des riot grrl, et nous n’étions pas grunge. Nous étions joyeux et naturels. (…) J’adore jouer et enregistrer de la musique. J’ai toujours aimé ça. (…) C’est à ça que me rappelle cet album : à du temps passé avec ma famille et mes amis. »
Au delà de ce titre au succès phénoménal, c’est bien de l’album qu’il faut parler : rien n’y est de trop, chaque morceau est un moment de magie. Un album conçu pour être en deux parties, face A et face B, écouté en cassette à en user la bande magnétique, ou en vinyle, à retourner une fois que Flipside, le premier titre instrumental de l’album, s’achève. Puis une fois que la reprise de Roi est finie.
La conception de l’album en deux faces est tellement ancrée dans l’esprit du groupe que, lors de leur tournée fêtant cette réédition, le groupe a eu à coeur de le restituer dans son intégralité, et de nous expliquer, une fois Flipside joué, que c’était le moment de retourner le disque, et qu’on passait à la face B.
D’ailleurs, comment expliquer la magie de ce concert ? Voir pour la première fois un groupe (avec la même composition qu’à l’époque), dont l’oeuvre vous accompagne depuis 20 ans. Un disque dont vous connaissez chaque chanson, mais aussi les transitions entre celles-ci. Tant et si bien qu’il est impossible de les dissocier. Après New Year, vient Cannonball. Et après Cannonball, Invisible Man, etc, etc… C’est comme ça, et pas autrement.
Et vous vous retrouvez à voir et écouter ces merveilleux musiciens vous le restituer, comme si vous écoutiez le disque. À la note près, avec tout ce que vous aimez. Avec le plus du live, évidemment. Déjà, voir le plaisir dans leurs yeux au moment de l’interprétation, la complicité. Plaisir d’offrir, joie de recevoir.
J’avais d’eux une image de branleurs, un peu lo-fi dans l’esprit. Une impression de décontraction qui me semblait en contradiction avec la capacité à jouer correctement de la musique. Je confirme pour la décontraction, mais j’infirme la contradiction. Le son était justement maitrisé, puissant et envoûtant, et les chansons, parfaitement exécutées. Un plaisir absolument inoubliable. Le disque étant un peu court, le set a été complété par une sélection de chansons issues des autres albums du groupe. Deux heures de bonheur.
Au delà de la musique, il faut évidemment parler du contact avec le public. Kim Deal s’adresse à vous et on a tout de suite envie d’en faire notre meilleure amie. Souriante, drôle, elle ne peut pas s’empêcher de raconter des histoires, comme elle le faisait déjà lorsqu’elle tenait la basse au sein de Pixies. Et de vanner sa soeur jumelle ou les autres musiciens du groupe.
Ayant eu l’occasion de voir un concert de Pixies sans la miss, puisqu’elle a définitivement quitté le groupe, autant vous dire que la donne n’est pas la même. Tout ce qu’elle aurait pu apporter de chaleur et de convivialité aurait peut-être compensé toute cette froideur et cette auto-complaisance qui émanaient du leader du groupe.
Je pourrais vous dire que l’album n’a pas pris une ride, que c’est un classique abs… Attendez ! Ça, je vous le dis : Last Splash EST un classique absolu, il n’a pas pris une ride, c’est un must have, à écouter, réécouter, à s’en gaver.
Évidemment, d’autres vous diront que TOUS les disques des Breeders sont à écouter absolument, et que Last Splash n’est pas leur meilleur, et de loin. Sans doute.
En fait, j’irai au delà ce toutes ces considérations. Pour vous proposer de jeter une oreille sur n’importe lequel des projets auxquels Kim Deal a pu participer. De réécouter les disques de Pixies, où ses choeurs sont irremplaçables. D’écouter les Breeders, mais aussi l’unique disque des Amps, et les enregistrements qu’elle réalise en solo. Cette dame ne révolutionnera certainement pas la musique, mais sans elle, la musique serait bien triste. C’est la plus cool des chanteuses/compositeuses que je connaisse. Je voudrais qu’elle devienne mon amie. Vraiment. Ça vous arrivera aussi.
PS : le line up des Breeders a été très mouvant au fil des ans, mais après la longue tournée qui a accompagné la sortie de LSXX, les musiciens qui ont réalisé ce disque se sont réunis pour composer de nouveaux morceaux. Autant vous dire que je suis impatient de jeter une oreille dessus, et que je n’attendrai pas 20 ans pour les applaudir à nouveau lorsqu’ils viendront présenter ces nouvelles chansons !
Et pour les fans hardcore de Kim … 3h40 d’écoute ici :
Ahhhh quelle époque !
je les avais vu à l’ancien Aéronef à Lille, en 94 (ou 93 ?)…
Quel concert !
Bon à part peut-être Joséphine qui avait vraiment l’air ailleurs et défoncée….
Elles restent, 20 ans plus tard, parfaites en live. C’est toujours un vrai bonheur de les voir. Charismatiques. Sympathiques. Dynamiques. Pros