[mks_pullquote align= »left » width= »680″ size= »18″ bg_color= »#F2CAC1″ txt_color= »#000000″]The Beach Boys – Don’t Worry Baby (1964)
Le lieu : Les Alpes et les Charentes Maritimes
Quand j’étais enfant et ado, mon frère mes sœurs et moi avions comme rituel de mettre ce morceau dans la voiture de nos parents, au moment où nous arrivions, en hiver, par le tunnel de l’A40 à l’entrée des Alpes enneigées, et où le paysage se déployait dans toute sa démesure. Nous faisons de même l’été, sur le Pont de la Seudre, à l’entrée de la ville de la Tremblade, située en face de l’île d’Oléron, où ma famille maternelle a toujours une maison au bord de mer. Les Beach Boys sont une influence presque intra-utérine, et même si j’apprécie la figure de Brian Wilson comme artiste génial post-Pet Sounds, je pense que la période originale, le « boys band », reste tout aussi impressionnante. La boîte à idées parfaite quand je manque d’inspiration.
https://youtu.be/lW0YGC68qP4
Wire – Outdoor Miner (1979)
Le pays : Grande-Bretagne
Alors je ne sais pas pourquoi, mais si je cherche un morceau qui représente pour moi parfaitement le son du pays dans lequel je vis depuis près de deux ans, c’est invariablement celui-ci. Question de paysage mental, et sans doute goût instinctif pour la période de sa création, cette demi-décade bénie de la New Wave, entre 1977 et 1983, Wire étant à la croisée des chemins entre héritage pop, fulgurances punk et musique contemporaine. Cette composition est, en outre, leur plus beatlesienne, les paroles déroulent le cycle de vie d’un insecte et le tout fait moins de deux minutes. Enfin, sur l’album « Chairs Missing », la maison de disques ayant exigé de la rallonger pour la sortie en single, paru l’année de ma naissance.
Carlinhos Santos – Giramundo (1984)
Le pays : Brésil
J’ai vécu et appris tout ce que je sais de la musique au Brésil, en étudiant le choro, la samba, et le répertoire pop là-bas (nommé MPB, bon je simplifie un peu). Comme il m’est impossible de choisir UN morceau qui représente les paysages que j’ai connus à Rio ou dans la région de São Paulo, je botte en touche et présente cette pépite un peu moins connue des années 80 (pas la période la plus citée quand on pense à la musique brésilienne) que j’ai découverte dans une compilation parue cette année, et que je recommande à tous : « Outro Tempo: Electronic And Contemporary Music From Brazil« , sur le label Music from Memory. Cette pop imprégnée de musique nordestine (frevo, baião) et son clavier imitant un accordéon me rappelle autant l’univers pop de Lô Borges que la folie douce d’Hermeto Pascoal. Et ce qui me manque du Brésil, outre la musique et les amis, ce sont les couleurs, proprement introuvables en Europe.
https://www.youtube.com/watch?v=_olxM0dAsWA&feature=youtu.be
Los Nuñez, con Ruiz Guiñazú – Paisaje (2007)
Le pays : Argentine
J’ai vécu de 2004 à 2006 à Buenos Aires. Mon premier ami rencontré là-bas s’appelle Chacho Ruiz Guiñazú et c’est un grand percussionniste né à Córdoba, dans le centre du pays. Aujourd’hui âgé de 55 ans, il a tout vécu, le rock qui envahi l’Amérique du Sud dans les années 70 et 80, puis un retour aux sources les deux décennies suivantes, la crise de 2002, et la vitalité du pays en matière culturelle et régionale. Et ici : la région de Misiones, d’où viennent, entre autres, les premières missions jésuites, au nord-est du pays, et dont l’une des musiques, l’un des plus sublimes que je connaisse, émane de l’influence des peuples natifs. La terre est rouge dans cette région. Mes quelques allers-retours là-bas, depuis Buenos Aires, ont imprimé une carte mentale très chargée. Chacho joue sur ce disque merveilleux avec les deux frères virtuoses Nuñez, soit un bandonéoniste et un guitariste. Cette composition s’appelle justement Paisaje (paysage) et je crois qu’elle ne manque pas d’évocation.
Wilco – Impossible Germany (2007)
Le lieu : partout
J’aime ce morceau, son côté laid-back americana très chargé reste un must pour les grandes distances sur la route. N’importe où. Et le solo de guitare de Neils Cline est merveilleux, limite mauvais goût. C’est parfait.
Clémentine March – Voyager Sans Passer (2012)
Le lieu : Paris
Ma toute première composition, enregistrée à Paris au printemps 2012 avec mes amis Yesser Oliveira (pandeiro) et Mathilde Zagala (flûte traversière). On la jouait avec mon ancien groupe Water Babies pour clôturer les concerts. L’attrait pour les voyages et l’aspect autobiographique parlent d’eux-mêmes.
https://soundcloud.com/cl-mentine-march/03-voyager-sans-passer
Juana Molina – Lentísimo Halo (2017)
Le lieu : la Pampa et Londres
J’ai découvert Juana Molina sur scène à l’été 2005 (soit en février) dans la Province de Buenos Aires, lors d’un festival en plein air en pleine pampa, soit de la verdure, des enclos, des vaches et du plat sur des milliers de kilomètres. Deux mois auparavant, une boite de nuit de mon quartier, Cromañon, avait brûlé juste après Noël, 200 morts. Aller à un concert à l’époque était un peu chargé pour les Argentins, et cette femme, ancienne actrice star et présentatrice d’une émission TV en Argentine dans les années 90, rendait la moitié de l’audience perplexe, sans doute désorientée par ces manipulations sonores et l’ancien statut très mainstream de la compositrice. Le temps a passé pour moi et la réception de sa musique dans le monde entier, et en ce mois de juin 2017, elle est venue jouer à Londres, à Moth Club. Marc Hollander de Crammed Records a sorti le disque, et rencontrer tout ce beau monde et boucler des boucles temporelles à l’intérieur de mon nouveau paysage londonien m’a beaucoup émue.
Snapped Ankles – Jonny Guitar Calling Gosta Berlin (2017)
Le lieu : East-London et les routes britanniques
Je tiens la basse dans ce groupe. Nous sommes habillés comme des créatures de la forêt et nous passons du temps sur la route, de festival en festival, ici au Royaume-Uni et bientôt en France (La Ferme Électrique, le 8 juillet). Ce nouveau single du groupe est justement inspiré du film Week-End de Jean-Luc Godard (1967) où un gigantesque embouteillage ouvre les 15 premières minutes du film en plan-séquence. Brûlot anti-bourgeoisie prédatrice (le film comme le morceau), et en route pour Berlin !
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Le premier EP de Clémentine March est sorti il y a quelques semaines chez Freaksville records. Ancienne bassiste de Julien Gasc, et leader du projet hybride Water Babies, Clémentine March est influencée aussi bien par les sons garage et le mouvement riot grrrl que par la richesses des mélodies sud-américaines et particulièrement du Brésil, où elle a vécu.
Elle sera en concert au Festival Balades Sonores le 15 Juillet à Paris, et le 22 Juillet à Bruxelles.
Merci à elle d’avoir participé et nous avoir offert sa « Madeleine ».
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