[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]e schooling, ça s’appelle, on l’a étudié en sciences, c’est ce mouvement collectif auquel tout le banc participe, sans heurter ni perdre un individu. Il suffit de se fondre dans le mouvement. C’est la loi des poissons.
Septembre, l’école recommence mais quatre lycéens manquent a l’appel. Les seuls gars de la classe ont disparu à partir du 22 juillet après leurs vacances en Grèce.
Depuis, une fois par semaine, les quatre familles se retrouvent avec le Commissaire Cassini de la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères pour faire le point. C’est pendant une de ces réunions qu’un soir, un de quatre disparus, simplement, rentre. La joie des ses parents face à la peur des parents des autres.
Où sont les autres ? Sont-ils vivants ? Pas de question d’avoir des réponses : Lorenzo, le seul rentré chez lui, est muré dans son mutisme.
Selon notre pacte, aucun de nous ne devait rien raconter s’il était pris.
Si les gars refusent de répondre, il est temps que les adultes commencent à se poser des questions. L’enquête doit continuer sans la collaboration de Lorenzo, entre la colère et la peur de ceux qui attendent des réponses. Jusqu’à ce qu’un appel téléphonique dramatique oblige le garçon à parler. Lorenzo, qui à fait le voyage à rebours pour rentrer en Italie, comme Thésée dans le labyrinthe, doit maintenant reprendre ce fil et raconter toute l’histoire. Ce qui ne calme pas qui voulait des explications.
Comme un roman noir, Giorgio Scianna développe un mystère qui finalement ne fait que décrire le mal-être des adolescents d’aujourd’hui, et les actuelles angoisses de leur parents. L’ombre du terrorisme dans la vie de tous les jours, même si loin des pays en guerre. Les murs de silence impossibles à abattre et la loyauté dans l’amitié que surclasse le sens de la réalité aussi quand des vies sont en jeu.
Il y a un âge dans lequel on se sent invincibles. Rien n’est dangereux, pas même Daesh qui ne semble qu’une vidéo inoffensive.
Tout était parfait, calme et intense. Ces jours-là, on était comme dans un sas en attendant le grand plongeon. On formait un seul corps. On ne se serait pas sentis aussi bien si on n’avait pas su qu’on était à la veille d’accomplir ensemble quelque chose de plus grand.
Manquent à l’appel est un livre chargé de suspense et anxiété jusqu’à la dernière page. Et même après.
Giorgio Scianna, né en 1964 à Pavie, a publié avec Liana Levi son premier roman, On inventera bien quelque chose, en 2016. Manquent à l’appel est son deuxième livre chez le même éditeur, publié en janvier 2018 et est en cours d’adaptation cinématographique.