Tous les ans, c’est la même chose, les bons disques sortent tous en même temps en l’espace de quelques semaines et l’auditeur compulsif que je suis est vite largué, voire désespéré devant une telle abondance. Tout ça pour vous dire que le disque dont je vais parler aujourd’hui même est déjà sorti depuis quelques temps, le 29 septembre exactement chez Naïve et que j’ai mis quelques semaines à me pencher dessus. Ce disque c’est le nouvel album de Marianne Faithfull Give My Love to London. Je vous éviterai l’affront de vous présenter Madame Faithfull, As Tears Go By, Jagger, Brian Jones, Modern English, une très, très grande dame.
Concentrons nous plutôt sur ce Give My Love To London et commençons par râler : la pochette est magnifique mais comment voulez-vous que j’arrête ma consommation quotidienne de Camel à la vue d’une telle photo. En plein débat sur le paquet de cigarettes neutre, faut bien l’admettre, ce n’est pas malin, surtout qu’elle a arrêté de fumer.
Avec ce disque, Marianne Faithfull fête ses 50 ans de carrière et pour célébrer une telle carrière, elle a invité quelques amis : Nick Cave, Brian Eno, Anna Calvi, Steve Earle, Adrian Utley, Ed Harcourt, Tom MacRae entre autres. L’album est produit par Rob Ellis et Dimitri Tikovoi et mixé par l’incontournable Flood. Vous l’avez compris, Marianne Faithfull a un sacré carnet d’adresse et tous se sont mis en quatre pour lui offrir de magnifiques chansons. Je ne l’ai pas cité car j’avoue quelques inquiétudes à la lecture de son nom mais Roger Waters (si, si le Roger Waters pinkfloydien) a également participé et son Sparrow will sing est magnifique, comme quoi, les préjugés tout ça, tout ça.
On peut toujours craindre, lorsque trop d’invités se bousculent, que l’album soit fourre-tout et limite indigeste et dès les premières notes, on est rassuré. La voix d’abord, magnifique, puissante, émouvante (a-t-elle jamais déjà aussi bien chanté ?) et ensuite la musique, énergique souvent (c’est du rock’n’roll !), plus calme d’autre fois mais toujours au service des textes que Marianne Faithfull a entièrement composé à l’exception bien sûr des deux reprises. La première reprise est un titre des Everly Brothers, The Price of love, où Marianne Faithfull donne une leçon vocale à Anna Calvi et surtout Going home, reprise de Leonard Cohen, meilleure que l’originale, une voix, un piano, parfait tout simplement.
L’album s’ouvre sur Give my love to London, hommage vache à sa ville natale, qu’elle adore mais où elle ne peut plus vivre et Steve Earle balance un country rock pour bien nous faire comprendre que 50 ans de carrière n’empêche pas de balancer sévère. Les titres s’enchaînent parfaitement, on ralentit pour une très jolie ballade signée Tom MacRae (Love More Or Less), on atteint le sommet avec l’extraordinaire Late Victorian Holocaust composé par Nick Cave, le genre de torch songs qu’il a lui même un peu oublié sur ses derniers disques alors qu’il sait si bien nous filer ce genre de frissons. On retrouve le grand Nick quelques morceaux plus tard avec l’étrange Deep Water, petite douceur malsaine.
Marianne Faithfull nous donne donc un magnifique album, bien plus audacieux que nombre de jeunes suiveuses (écoutez donc Mother Wolf !) et en tout point remarquable.
L’album est en écoute intégrale sur Spotify et en vente chez tous les bons disquaires :
Bel album je suis d’accord