[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]omme un symbole, je mets fin à cette foutue année 2016, qui m’a privé de quelques uns de mes héros de jeunesse, de Bowie à Cohen en me penchant sur la superbe réédition du Fragments Of A Rainy Season de John Cale. Pourtant pas un fan du genre, je le considère comme le plus bel album live de tous les temps, tout au moins, le plus poignant, histoire de verser mes dernières larmes sur le temps qui passe et c’est peu dire que j’ai chialé à l’écoute de ces (I Keep A) Close Watch, Thoughtless Kind ou Dying On The Vine depuis plus d’une vingtaine d’année .
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap] l’origine, Fragments Of A Rainy Season est en effet paru en 1992 chez le défunt label Hannibal Records racheté à l’époque par Rykodisc. Au début des 90’s, John Cale, à l’aube de son demi-siècle (et oui, notre bonhomme a aujourd’hui 74 ans..) traverse une période trouble et faste puisqu’il enchaîne quelques uns de ses plus beaux projets, seul ou en solo. Il met en musique Dylan Thomas pour Words For The Dying, rend hommage à Andy Warhol, avec son vieux complice Lou Reed sur l’immense Songs For Drella avant de retrouver Brian Eno pour Wrong Way Up.
Quelques uns des meilleurs titres de ces 3 albums se retrouvent naturellement sur Fragments, Style It Takes, Cordoba, On A Wedding Anniversary ou encore Do Not Gentle Into That Good Night, dans des versions bien souvent supérieures aux originales car dépouillées jusqu’à l’os, sobres et émouvantes.
Néanmoins, c’est au cœur de ses chefs d’œuvre des 70’s que notre divin gallois pioche la substantifique moelle de ses concerts, de Paris 1919 à Fear en passant par Slow Dazzle (extraordinaire version du Heartbreak Hotel de Presley) ou Helen Of Troy.
Fragments Of A Rainy Season porte également, sans faire injure à Léonard Cohen, son géniteur, en son sein la plus belle version d’Hallelujah jamais entendue, I’m Your Fan, la célèbre compilation des Inrockuptibles comprises.
La réédition 2016, outre un réarrangement de l’ordre des 20 titres de la version originale se voit compléter de 8 titres supplémentaires dont une version apocalyptique du Heartbreak Hotel, un Waiting For My Man porté par un public en fusion, un Amsterdam extrait de Vintage Violence, son premier effort solo ou Broken Hearts issu du méconnu Last day On Earth, sa collaboration avec Bob Neuwirth.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]e qui rend si précieux ce Fragments Of A Rainy Season, c’est d’entendre John Cale, seul avec son public, avec lui-même, son piano, souvent, une guitare parfois, pour des chansons nues, je dirais même à vif. il suffit de quelques secondes pour s’apercevoir qu’on a rarement entendu une audience aussi…silencieuse, retenant son souffle et attentive à chaque note de piano portée par la voix de John puissante et émouvante.
Forcément, portée par tant de dépouillement, on pourrait craindre que sa prestation vire à l’unplugged lambda qui fit les beaux jours de MTV mais l’ex-Velvet Underground a en lui cette part de folie qu’il emmène ses titres bien au delà du confort de l’auditeur et se livre à d’hallucinantes montées d’adrénaline sur Guts et Fear (Is A Man Best Friend), les bien nommées ou encore un Leaving Up To You, littéralement arraché du plus profond de ses cordes vocales et de guitare.
John Cale reste l’un des derniers géants du rock, un demi-siècle d’histoire depuis les premiers enregistrements du Velvet pour une carrière faite de hauts et de bas, entre classicisme et expérimentation. Fragments Of A Rainy Season peut être une magnifique porte d’entrée pour ceux qui veulent découvrir le bonhomme, c’est dans tous les cas, un album tout à fait indispensable.
C’est Domino Records, via sa filiale Double Six, qui nous offre cette sublime réédition disponible depuis le 09 décembre, juste à temps pour bien remplir la hotte du Père Noel (Triple Vinyl !)
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