[dropcap]M[/dropcap]athias Enard signe un nouveau livre qui, cette fois-ci, ne nous emmène pas dans les contrées d’Orient. L’auteur de Boussoles (prix Goncourt 2015) propose un voyage dans la campagne française, celle de son enfance et de son père à qui est dédié ce livre. Les deux pieds dans le sud des Deux-Sèvres et dans le marais poitevin, il tisse joyeusement une cavalcade fictionnelle et savante sur une ruralité heureuse. Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs appelle à un retour aux sources et donne une autre vision de la ruralité et de celles et ceux qui la peuplent, n’hésitant pas à mêler onirisme et humour.
En songe, il appréhendait l’immense toile d’araignée des âmes, la pelote de laine des existences, entremêlées dans le temps, et il pouvait suivre une vie comme on tire un fil, sauter d’un instant à l’autre et même, depuis les ciels infinis, observer les énergies qui meuvent les étoiles, d’immenses flux sombres comme des traits de néant. Mathias Enard
David Mazon, jeune thésard en anthropologie, débarque à La Pierre Saint-Christophe, village né de l’imagination de Mathias Enard. On lit, dans les premières pages de ce roman, son journal où il raconte son installation dans un appartement qu’il nomme « La pensée sauvage ». Un peu prétentieux, David Mazon se verra absorber par l’ambiance étrange qui règne dans le village et vivra de nombreuses aventures. Puis le roman nous happe et laisse place à des séries de métempsycoses, rapprochant les destinées d’habitants de celles d’animaux ou de personnages du passé.
Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs est un roman généreux où l’on aime se perdre. Il est composé comme une sphère garnie de moments truculents. À l’exemple de ce banquet où les fossoyeurs de toute la France font bombance dans une joyeuse humeur. Ce repas qui se déroule dans l’abbaye de Maillezais, Mathias Enard le raconte comme l’aurait fait Rabelais au même endroit. C’est une ode à la vie épargnée, car durant ce repas la mort s’arrête un temps pour laisser du répit aux fossoyeurs.
Dans un rythme cacophonique, Mathias Enard nous offre un roman généreux en savoir. L’écrivain sait toujours nous donner envie de découvrir le monde et ses histoires. Mais avec Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs, il propose une relation nouvelle à ces territoires oubliés et parfois méprisés. C’est une ode à une campagne bien plus riche et palpitante que la monotonie d’une vie citadine. Bien sûr, chacun fera son choix après la lecture de ce livre mais Mathias Enard donne furieusement envie d’aller habiter ce bas Poitou éminemment littéraire et généreux.
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Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs de Mathias Enard
Actes sud, octobre 2020
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Image bandeau : macaccro pixabay