[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]es yeux qui pétillent, le sourire franc et magnifique sur un visage marqué par le poids des ans, ces pompes usées par des années à grimper vers les sommets sans jamais les atteindre, ces grandes mains d’orfèvre…, la seule vue de la pochette d’Adiós Señor Pussycat, le nouvel album de Michael Head, cette fois ci en compagnie du Red Elastic Band convoque émotions et souvenirs encore vivaces pour qui suit le bonhomme depuis si longtemps.
La première écoute se fera donc fébrilement, juste se laisser porter et oublier que Pale Fountains ou Shack font partie de nos gênes musicales, en accueillant ce nouveau disque le cœur léger.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]’est une histoire affreusement banale que celle de Michael Head : un talent immense, un succès qui lui échappe et des excès en tous genre…on est juste content de le retrouver, en pleine forme, bien conscient que ce nouvel album ne changera pas la donne et que ce sera un nouveau compagnon pour quelques happy fews dans mon genre, toujours aussi bouleversés à l’annonce d’une nouvelle chanson de Peter Milton Walsh ou Richard Davies.
Michael Head est né en 1961 à Liverpool, la ville où l’on recense plus de génies musicaux et de grandes gueules au mètre carré que partout ailleurs dans le monde. Michael ne fait pas exception à la règle et crée, la vingtaine à peine entamée, The Pale Fountains, avec son jeune frère, John. Un deal est rapidement signé avec Virgin et le groupe enchaine rapidement deux chefs d’œuvre authentiques Pacific Street puis …From Across The Kitchen Table, en 1984 et 1985.
Les 2 frères Head trouvent l’équilibre parfait, à coup de mélodies imparables et de sophistications pop hallucinantes, entre le son des années 80 et les années 60, Love ou les Byrds.
Malheureusement, malgré des critiques sous le charme, les ventes ne décollent pas et The Pale Fountains se séparent rapidement.
Michael Head, plombé par ses problèmes de drogues et d’alcool, retente le coup au sein de Shack, pour quelques merveilles d’albums sur lequel il élargit sa palette musicale, à la recherche de la perfect pop song, en piochant dans tous les styles actuels et passés, du folk à la jangle pop du psychédélisme à la britpop. Cela nous donnera des joyaux au fil du temps de Zilch en 1988 à The Corner Of Miles And Gil en 2006, en passant par Waterpistol, H.M.S. Fable ou Here’s Tom With The Weather, peut-être bien mon préféré du lot, même si choisir est impossible, Michael Head étant bien incapable de nous faire une mauvaise chanson.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]n 1997, il sort son premier album sous son nom et nous offre The Magical World Of The Strands, toujours en compagnie de son frère John, mais aussi de Steve Powell, toujours présent 20 ans plus tard sur Adiós Señor Pussycat.
The Magical World Of The Strands est à nouveau un superbe album, il connaîtra d’ailleurs une splendide réédition en 2015, sur lequel il enchaine quelques unes de ses plus belles chansons, Queen Matilda, Something Like You, Undecided (Reprise)… pour les hit parades, c’est encore raté mais Michael Head y prouve à nouveau son génie tissant des liens entre Love et Burt Bacharach et la jeune génération de l’époque, The Coral ou The La’s, par exemple.
L’ambiance s’y fait déjà plus simple et naturelle, il ne recherche plus la perfection, celle ci vient naturellement au détour de chansons toutes simples, tranches de vie à l’émotion palpable.
Après avoir chassé tant bien que mal ses vieux démons, Michael Head nous donne enfin une suite à ce premier essai, petit frère modeste et lumineux. Il relance la machine avec le magnifique EP Artorius Revisited, sorti l’année dernière avant de commencer à travailler avec Steve Powell, dans sons studio à Liverpool, whereelse ?, pour composer de toutes nouvelles chansons ou exhumer quelques titres non encore aboutis.
Outre Steve Powell, Michael Head est entouré de Tom, le fiston de Steve à la basse et Phil Murphy à la batterie. Forcément un album de Michael sans les cordes et les cuivres, c’est juste inimaginable, on remerciera également Rod Skipp, Dewi Tudor Jones, Andy Diagram et quelques autres d’avoir contribué au retour de notre génie de Liverpool.
https://www.youtube.com/watch?v=lGolQl1RJFU
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]ès les premières notes de Picasso, le charme opère, la voix est peut-être légèrement abîmée par tous ces abus, elle nous touche directement au cœur, les 13 chansons du disque nous donne le sentiment de retrouver un vieil ami qui nous invite à boire une mousse au coin du feu, e vieux dessins animés en fond sonore (le titre de l’album nous vient tout droit de Tom & Jerry !).
Les mélodies sont toujours aussi évidentes, les harmonies toujours aussi parfaites, les chansons toujours aussi belles. Bien sûr, Michael Head ne révolutionne rien, nous ramène sur ses disques précédents, The Strands bien entendu mais aussi à Waterpistol ou Zilch.
Le disque prend le temps de s’installer, au son de jolies chansons désabusées comme Overjoyed ou Picklock avant de toucher au sublime dès Winter Turns To Spring, pour une émotion qui ne nous lâchera pas jusqu’à la fin.
On croise les Byrds sur Wild Mountain Rhyme, Love sur le merveilleux 4&4 Still Makes 8 ou What’s The Difference, quelques larmes coulent sur Queen Of All Saints, le folk le plus merveilleux (Lavender Way) se confronte à la plus élégante de la pop (Rumer, Josephine).
L’album de Michael Head et son groupe à l’elastique rouge est juste beau et émouvant, l’œuvre d’un musicien de génie, enfin assagi, fier de son passé, le regard porté vers un avenir radieux, je me fais une joie de l’accompagner sur cette nouvelle route pavée d’or fin.
Adiós Señor Pussycat est disponible depuis le 20 octobre chez Violette Records
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