Midget!
Qui Parle Ombre
Objet Disque
20 septembre 2024
Sept ans après l’inusable et envoutant Ferme tes Jolis Cieux, Midget! le duo composé de Claire Vailler et Mocke Depret nous revient avec Qui Parle Ombre, le quatrième album de leur aventure musicale commencée en 2012.
À l’origine, Qui Parle Ombre était une collaboration avec Gavin Bryars, lors d’une création au
CENTQUATRE-PARIS et à l’Opéra de Lyon en 2022, interrogeant musique savante et populaire. Deux ans plus tard, Midget! lui donne une version studio avec la participation de Señor Coconut alias Atom™, avec qui Mocke avait déjà travaillé à l’époque des merveilleux Holden.
Alors que Claire Vailler continue de chanter merveilleusement bien, jouant également de l’harmonium ou des claviers, Mocke Depret complète ses guitares par du bouzouki et du saz, un luth à manches longs. Cela donne ainsi un sentiment intemporel ou hors temps, renforcé également par la remarquable participation de Cécile Pecoraro à la flûte et de Carmelo Pecoraro au basson.
De la lumière à l’ombre, la musique de Midget! s’enfonce dans une profonde noirceur, bien loin de la Lumière D’en Bas, titre de leur premier album paru en 2012; la pop s’est peu à peu effacée vers un disque qui glisse harmonieusement quelque part entre musique médiévale et musique contemporaine.
Le duo met en musique Guillaume Apollinaire sur La Nuit Descend, tout un symbole, tant Qui Parle Ombre semble s’enfoncer dans les limbes, La Porte S’Ouvre vers un monde étrange, entre vapeurs d’eau et explosion volcanique. La magnifique production d’Atom™ donne toute sa dimension aux compositions tortueuses et entrelacées de Mocke et de Claire, en particulier sur les trois longs morceaux, Qui Parle Ombre, Transfiguration et Consolation Des Neiges, tous plus beaux les uns que les autres.
Quelques courts morceaux, mettant en avant la guitare de l’un (Deux Êtres), les vocalises de l’autre (Le Tigre Bondit) complètent l’album avant de trouver un format plus traditionnel quoique toujours personnel avec le splendide et évanescent La Promenade Plastique, dernier frisson d’un disque aussi étrange que fascinant.