En toute bonne foi My Bloody Valentine, ça pique les oreilles non ?
En 1991 sort un étrange album : Loveless, adoubé par la critique il propulse My Bloody Valentine sur le devant de la scène. Pourtant l’album n’a semble-t-il connu qu’un succès commercial d’estime. Alors ? Loveless, un nom prédestiné ? Curieux…
Tâchons d’en savoir plus…
Bon. On ne va pas se mentir. Ni tourner autour du pot. Alors autant le dire tout de suite c’est mon moment de bravoure, mon quart d’heure de gloire.
Car les premières mesures du morceau d’ouverture (Only Shallow) annoncent la couleur : bruits, larsen, guitares saturées, distorsion. Et une voix inconsistante et quasi-inaudible (tant mieux diront certains).
Phil Spector est relégué au rang d’un bien fade Nouf-Nouf avec son mur de son fait de paille là où maintenant MBV en bon Naf-Naf érige un mur de parpaings et de béton armé.
Ouch.
Mais comme on n’est pas là pour rigoler, on s’accroche. C’est qu’on a une chronique à finir.
Il faut l’écouter pour le croire… Rien ne sera plus jamais comme avant… Certains morceaux ont l’air de ne pas tourner à la bonne vitesse, ou pire avec une vitesse hésitante et fluctuante (To Here Knows When). D’autres sont comme un chant de baleine blessée et sous LSD (Touched – I Only Said).
Enfin, après une première demi-heure éprouvante, Sometimes, par contraste, fait figure d’accalmie passagère. Malgré sa noirceur et un son sourd, il parait presque apaisant.
La dernière piste de l’album arrive. Ouf… Soon. Enfin un morceau qui sonne presque mélodieusement, comme une délivrance. Délivrance de courte durée car Soon recèle en effet une puissante magie : son implacable ritournelle restera vrillée dans votre crâne nauséeux des heures durant.
Bon, clairement ce n’est donc pas l’album qui peut mettre toute la profession critique dans la manche de ce groupe… Alors quoi ? Le spectacle ? Les concerts ?
Pourtant si on jette un œil sur scène ce n’est rien de moins qu’une bande d’ado attardés, probablement autistes, qui joue, enfin si on peut appeler ça jouer, en regardant leurs pédales d’effet, ou plus certainement leurs groles, honteux qu’ils sont de produire cette musique. Musique. Musique ? Non, sérieux quoi…
Incompréhensiblement MBV pose toutefois les bases d’un genre nouveau : shoegaze (en référence à l’attitude sur scène) qui fera des émules au nom prestigieux : Ride, Lush, Slowdive…
Le tableau n’aurait pas été complet sans une mochette de compétition. C’est gagné. A priori on croit y deviner une vague photo sans imagination d’un bout de guitare, photo sur-exposée et floue, qu’un enfant aurait consciencieusement barbouillée de son plus beau Stabylo rose. Oui, rose.
Dans ce naufrage je décerne une mention plus que spéciale à Sofia Coppola, qui dans son chef d’œuvre Lost in Translation, et aussi incroyable que cela puisse paraitre, réussira à exploiter quelque morceau pour l’inclure dans une bande son exemplaire.
Il y aura une justice, mieux une malédiction, My Bloody Valentine sombrant dans des oubliettes dont il ne devait pas s’extraire avant de longues années. Et les successives rumeurs de nouvel album auront fait jaser, que dis-je : rire. Telle une réminiscence vite oubliée, ce nouvel album (m b v) verra finalement le jour en 2013. Gageons qu’il n’y en aura pas d’autre.
Un groupe définitivement mal nommé, My Bloody Ears semblant tellement plus approprié.
PS: avant que ce ne soit un déchaînement dans les commentaires et pour cette première chronique dans la rubrique En toute bonne foi, il est sans doute important de préciser que c’est justement le propos de cette rubrique que d’essayer, avec humour, d’aborder une œuvre majeure en contre-pied 😉
Quelle production, cette saturation ondulatoire (et bientôt son antithèse frustre : Nirvana)
Mon cher boultan,
ce serait d’ailleurs éminemment tentant de refaire l’exercice avec Nirvana et son Nevermind…
Oui mais voilà j’aime vraiment pas Nirvana… alors comment être de mauvaise foi ?
Je me sens enfin moins seul !
Le souci quand on s’attaque à un tel disque c’est qu’il ne faut pas être approximatif et paresseux.
Exemple : les morceaux présents dans la BO du film de Sofia Coppola ont été écrits en 2003 et ne sont pas extraits de la première période de MBV.
Je précise que Ride et Lush sont des groupes apparentés à la mouvance shoegaze. Ils n’en sont pas vraiment.
Ah oui, je voulais aussi dire que pour une interaction totale il était bien de répondre aux commentaires.
Mon cher LMDV,
IMDB, qui en général est assez fiable, m’indique bien Sometimes (1991) dans l’OST de Lost in Translation. Effectivement emporté par mon élan j’ai mis un ‘s’ à « quelques morceaux », j’enlève donc ce pluriel disgracieux.
Cataloguer un groupe c’est toujours réducteur, n’est-ce pas…
Enfin si on ne peut pas être approximatif et réducteur dans un article où le jeu est d’être de mauvaise foi, où va-t-on hein je te le demande ?
J’ai toujours préféré de loin « Isn’t Anything ? «