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Chaque semaine, jusqu’à fin octobre, nous vous proposons de découvrir nos choix – totalement subjectifs ! – parmi une rentrée littéraire généreuse. Un bon moyen de s’y retrouver dans ce foisonnement de publications, puisque nous y présenterons aussi bien des titres d’auteurs confirmés que des ouvrages de romanciers moins connus, voire débutants. Littérature française, littérature étrangère, littérature dite « de genre » ou pas : la diversité est au rendez-vous, à l’image de la curiosité des chroniqueurs d’Addict-Culture. Parmi les romans que nous vous présentons dans cette rubrique, certains feront bien sûr l’objet de chroniques plus approfondies.
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Madame Hayat de Ahmet Altan
Traduit du turc par Julien Lapeyre de Cabanes
Paru chez Actes Sud, 1er septembre 2021
Fazil, le jeune narrateur de ce livre, part faire des études de lettres loin de chez lui. Devenu boursier après le décès de son père, il loue une chambre dans une modeste pension, un lieu fané où se côtoient des êtres inoubliables à la gravité poétique, qui tentent de passer entre les mailles du filet d’une ville habitée de présences menaçantes. Au quotidien, Fazil gagne sa vie en tant que figurant dans une émission de télévision, et c’est en ces lieux de fictions qu’il remarque une femme voluptueuse, vif-argent, qui pourrait être sa mère. Parenthèse exaltante, Fazil tombe éperdument amoureux de cette Madame Hayat qui l’entraîne comme au-delà de lui-même.
Quelques jours plus tard, il fait la connaissance de la jeune Sila. Double bonheur, double initiation, double regard sur la magie d’une vie. L’analyse tout en finesse du sentiment amoureux trouve en ce livre de singuliers échos. Le personnage de Madame Hayat, solaire, et celui de Fazil, plus littéraire, plus engagé, convoquent les subtiles métaphores d’une aspiration à la liberté absolue dans un pays qui se referme autour d’eux sans jamais les atteindre.
Pour celui qui se souvient que ce livre a été écrit en prison, l’émotion est profonde.
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Qui a peur des vieilles ? de Marie Charrel
Paru chez Les Pérégrines, 16 septembre 2021
Un essai au beau milieu d’un raz-de-marée romanesque ! Alors que notre société vieillit, nous avons un problème avec les vieux en général et les vieilles en particulier, soumises à une double injonction contradictoire : être authentiques et naturelles, mais rester minces et jolies. Si elles sont moins regardées, invisibilisées, mises de côté passé un certain âge, de nombreuses vieilles se découvrent en contrepartie une liberté nouvelle. Est-ce cette émancipation qui nous rend parfois méfiants vis-à-vis d’elles ? Pourquoi la peur de vieillir est-elle toujours d’actualité ? Mêlant témoignages, analyses historiques et sociologiques, références culturelles et réflexions de l’autrice sur son propre rapport à la vie.
« Léa était un mélange exquis de Tatie Danielle et MadameDoubtfire. On ne la lui faisait pas. Jusqu’à la fin, ou presque, elle escaladait les barrières, construisait des cabanes dans les bois, jurait comme un charretier et buvait son petit canon de rouge tous les jours. Elle portait des blousons de cuir noir taillés pour un homme et une casquette façon gavroche. Elle adorait se moquer des autres grands-mères, celles qui portaient des robes à fleurs et traînaient leur caddie de course en claudiquant sur le trottoir: «Regarde-moi ces vieilles biques! » Elle n’était pas faite du même bois. » [extrait de l’avant-propos).
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La porte du voyage sans retour de David Diop
Paru au Seuil, 19 Août 2021
« La porte du voyage sans retour » est le surnom donné à l’île de Gorée, d’où sont partis des millions d’Africains au temps de la traite des Noirs. C’est dans ce qui est en 1750 une concession française qu’un jeune homme débarque, venu au Sénégal pour étudier la flore locale. Botaniste, il caresse le rêve d’établir une encyclopédie universelle du vivant, en un siècle où l’heure est aux Lumières. Lorsqu’il a vent de l’histoire d’une jeune Africaine promise à l’esclavage et qui serait parvenue à s’évader, trouvant refuge quelque part aux confins de la terre sénégalaise, son voyage et son destin basculent dans la quête obstinée de cette femme perdue qui a laissé derrière elle mille pistes et autant de légendes.
S’inspirant de la figure de Michel Adanson, naturaliste français (1727-1806), David Diop signe un roman éblouissant, évocation puissante d’un royaume où la parole est reine, odyssée bouleversante de deux êtres qui ne cessent de se rejoindre, de s’aimer et de se perdre, transmission d’un héritage d’un père à sa fille, destinataire ultime des carnets qui relatent ce voyage caché.
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Les occasions manquées de Lucy Fricke
Traduit de l’allemand par Isabelle Liber
Paru chez Le Quartanier, 2 septembre 2021
Quand son père, atteint d’un cancer en phase terminale, lui demande de le conduire de Hanovre jusqu’en Suisse, dans une clinique d’aide au suicide, Martha appelle en renfort Betty, son amie depuis vingt ans. Commence alors une odyssée burlesque, qui se prolongera en Italie, où Betty tentera de retrouver la tombe de son beau-père tromboniste et menteur, dans l’espoir de se libérer d’un pan douloureux de son histoire personnelle: le roman de la route devient polar.
De Berlin aux Cyclades, au fil des rebondissements et des rencontres, Betty et Martha cherchent un père, des pères, et se déprennent du regret des occasions manquées. Dans une langue innervée d’un humour acide et d’une gouaille mélancolique, Lucy Fricke mène ses héroïnes, deux femmes de quarante ans soudées par les confidences et l’alcool, vers une vie délestée.
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Mortepeau de Natalia Garcia Freire
Traduit de l’espagnol (Équateur) par Isabelle Gugnon
Paru chez Christian Bourgois, 8 septembre 2021
Récit de la chute et de la décadence d’une famille, Mortepeau est un conte noir. Lucas, un jeune homme, s’adresse à son père décédé et enterré dans le jardin familial. Autrefois, il était luxuriant et entretenu par Josephina, sa mère passionnée de botanique. Dorénavant, il n’est plus que mauvaises herbes et désolation. Si la famille en est arrivée là, c’est à cause de deux hommes mystérieux invités dans la maison, bouleversant son équilibre et la précipitant vers sa fin.
Avec Mortepeau, Natalia García Freire nous offre un premier roman gothique qui n’est pas sans rappeler Shirley Jackson ou Daphné du Maurier. Elle y sonde de sombres dynamiques de pouvoir dans une langue envoûtante, proche de la prose poétique – dans un univers qui n’appartient qu’à elle.
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Viper’s Dream de Jake Lamar
Traduit de l’anglais (US) par Catherine Richard-Mas
Paru chez Rivages / Noir, 15 septembre 2021
Des années 30 à la fin des années 50, Clyde « Viper » Morton règne sur Harlem au rythme du jazz et dans la fumée des joints de marijuana. Mais dure sera la chute..
Clyde Morton croit en son destin : il sera un grand trompettiste de jazz. Mais lorsqu’il quitte son Alabama natal pour auditionner dans un club de Harlem, on lui fait comprendre qu’il vaut mieux oublier son rêve. L’oublier dans les fumées de la marijuana… qui lui ouvre des horizons. La « viper », comme elle est surnommée à
Harlem, se répand à toute vitesse et Clyde sera son messager. Il est bientôt un caïd craint et respecté, un personnage. Jusqu’au jour où arrive la poudre blanche qui tue. Et qui oblige à tuer. Jake Lamar est le plus français des Américains. Ce roman qui inaugure la série « New York Made in France » a connu une version radiophonique sur France-Culture, saluée par Télérama.
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L’anarchiste qui s’appelait comme moi de Pablo Martín Sánchez
Traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu
Paru chez Zulma / La Contre-allée, 2 septembre 2021
Un jour de désœuvrement, Pablo Martín Sánchez tape son nom dans un moteur de recherche. Par le plus grand des hasards, il se découvre un homonyme au passé héroïque : un anarchiste, condamné à mort en 1924. Férocement intrigué, il se pique au jeu de l’investigation et cherche à savoir qui était… Pablo Martín Sánchez le révolutionnaire. Happé, l’auteur se fond dans cette destinée tourbillonnante et picaresque, alternant le récit d’une épopée révolutionnaire dans le Paris des années 1920 où les faubourgs de Belleville abritent d’ardents imprimeurs typographes, et celui d’une jeunesse aventureuse en Espagne jusqu’à les faire converger en un dénouement… tragique. Épique, virevoltant, espiègle et foisonnant, L’anarchiste qui s’appelait comme moi dresse le portrait à la fois réaliste et rêvé des utopies montantes du tournant du XXe siècle, dans l’esprit des grands romans populaires où l’amitié, la trahison, l’amour et la peur sont les rouages invisibles qui font tourner le monde.
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Les ouvertures de Antonio Moresco
Traduit de l’italien par Laurent Lombard
Paru chez Verdier, 9 Septembre 2021
Trois moments de la vie du narrateur, trois ouvertures dans l’obscurité d’une existence, scandent ce récit troublant et vertigineux : les années de séminaire, celles de l’activisme politique et celles des débuts de sa vocation littéraire. Cette épopée individuelle retrace une lente et douloureuse tentative de renaissance qui puise sa vitalité dans le dérèglement des perspectives et l’obsession du franchissement des limites – autant de jeux de l’éternité susceptibles de transfigurer le monde.
Les trois expériences peuvent être vues comme trois tableaux de notre histoire récente : les années cinquante-soixante, pesantes et silencieuses, qui précèdent les explosions ; les luttes et les tumultes des années soixante-dix venues clore une époque inaugurée avec les grandes révolutions politiques des dix-huit et dix-neuvième siècles ; enfin, les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, fascinantes et spectrales, qui amorcent le déploiement furieux de la modernité.
Porté par une prose imagée inventive et foisonnante, presque hypnotique, ce roman apparaît d’une originalité exceptionnelle dans le paysage littéraire contemporain.
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