Avec Pierre Raufast, toujours aux belles éditions Aux forges de Vulcain, c’est ici le retour de la huit-population qu’on avait découverte dans la fameuse trilogie baryonique.
Dans ce qui n’est pas forcément une suite et peut se lire indépendamment (même si on a sûrement plus de plaisir quand on connait l’univers), les extraterrestres ont pris le contrôle de la terre en se rendant absolument indispensables aux humains qui eux périclitent, ne travaillant plus et vivant une vie oisive, laissant la huit-population tout gérer pour eux.
« La branche Nord du parlement était connue pour être la plus extrême, hostile aux robots et aux humains. Quelque temps auparavant, ils avaient soumis une loi pour regrouper les humains dans des zones délimitées. Des réserves où ils vivraient avec leurs robots et où ils pourraient d’adonner à toutes sortes de loisirs. Les octomes leur fourniraient toujours la nourriture nécessaire, mais ils récupéreraient également les pleins pouvoirs. Fini les atermoiements autour des centrales électrique défaillantes. Les octomes reprendraient les choses en main et laisseraient les humains batifoler dans leurs parcs. En vérité, une situation pas si éloignée de l’existante. »
─ Pierre Raufast, Octomes
C’est dans ce contexte que débarque le pauvre Adam revenant d’une mission spatiale qui a sacrément mal tournée car il arrive sur Terre avec 745 ans de retard. Son vaisseau, tout proche d’être aspiré par un trou noir, Adam est en quelque sorte sauvé par un autre vaisseau. Celui des Octomes. Alors il revient sur une planète complètement transformée (les détails « scientifiques » justifiant qu’Adam n’ait vécu que quelques jours sur son vaisseau pour une durée de 745 ans de vie humaine sont assez savoureux : plus on se rapproche d’un trou noir plus le temps ralentit).
Il découvre que les humains ont réussi à faire s’accoupler les membres de la huit-population et que les robots sont affranchis. Adam ne reconnait rien. Et en plus, sa compagne qui était à bord d’un autre vaisseau n’est pas rentrée.
« Après la Grande Migration du XXVIe siècle qui avait décimé une grande partie de la population et déaplcé l’autre, l’humanité avait trouvé refuge dans les pays nordiques. La Suède, la Norvège, la Finlande, la Russie, l’Islande, le Danemark et le Canada étaient devenus les seules oasis passablement viables pour les humains et pour la majorité des espèces animales survivantes. Le reste des terres avait été consumé par une chaleur suffocante. »
─ Pierre Raufast, Octomes
Au-delà de ce qui pourrait ressembler à de la hard sci-fi, Pierre Raufast n’oubliant pas les détails scientifiques et autres digressions, il réussit l’exploit de rendre son texte tout à fait lisible pour ceux qui ne sont pas habitués à ce genre. C’est fluide la plupart du temps et on se demande parfois si on a affaire à un texte de science-fiction ou à un essai sur les extraterrestres, le devenir des humains ou encore l’utilisation de l’IA.
« Pendant longtemps les humains n’ont pas compris que le véritable danger de l’intelligence artificielle n’était pas d’avoir des entités supérieurement intelligentes mais de vous abêtir. De vous ôter toute curiosité, toute envie d’apprendre. De vous mâcher le travail pour faire de vous des ombres de vous-mêmes. Et malheureusement, c’est ce qui est arrivé. »
─ Pierre Raufast, Octomes
Mais l’auteur est habile et n’oublie absolument pas la côté romanesque et parsème son Octomes d’aventures. C’est tout simplement passionnant.
Octomes est donc le quatrième livre de genre de Pierre Raufast. Espérons qu’il y en aura encore !



